En tant que femme, il est parfois difficile de s’affranchir des pressions sociales. As-tu des conseils ?
Il y a tellement de constructions sociales qui dictent comment se comporter, s’habiller, parler, surtout pour nous, les femmes. Suivre ses propres règles, c’est ignorer tout ça et faire les choses à sa façon. Trouver la confiance en soi et l’exprimer librement. J’ai longtemps lutté avec ça : j’étais une énorme “people pleaser”, toujours à nier mes envies pour rentrer dans le moule. Ça m’a littéralement étouffée. Après beaucoup de réflexion, j’ai fait un virage à 180 degrés et pris la direction opposée. Depuis, je me sens beaucoup plus légère et libre.
C’est très inspirant ! Rien d’étonnant à ce que l’on t’ai surnommée “le nouveau visage de la néo-soul et du R&B du 21e siècle”. Quel compliment incroyable. Comment le prends-tu ? Cela te met-il de la pression ?
C’est évidemment un honneur, mais je ne laisse pas ce genre de choses m’impacter. Ce n’est qu’une opinion, que j’apprécie, mais ça n’a pas une grande valeur à mes yeux. Ce qui compte vraiment, c’est les gens, ton public, et la manière dont tu le fais grandir en temps réel. C’est ça qui détermine vraiment qui tu es.
Tu as eu un parcours de vie unique. Tu as quitté l’Érythrée enfant avec ta mère pour demander le statut de réfugiée aux Pays-Bas. Comment cette expérience a-t-elle façonné la femme et l’artiste que tu es ?
Cela m’a profondément marquée, en bien et en mal. L’instabilité constante a laissé des traces sur moi : je suis toujours en quête d’un « chez-moi ». Je suis impulsive, et j’ai tendance à régler mes problèmes en bougeant ou en changeant de pays, espérant toujours que ce sera mieux ailleurs. Mais cela m’a aussi rendue incroyablement reconnaissante. Quand nous sommes arrivées ici, nous n’avions rien. Chaque étape de mon parcours est une victoire, et je suis déterminée à ne jamais repasser par ses conditions.
Cela ne t’a pourtant pas empêché de prendre de gros risques. À 17 ans, tu as tout quitté pour te lancer dans la musique. Comment passer le cap et se dire “j’abandonne les études et travail pour vivre de ma passion” ?
J’étais malheureuse à l’école. J’étais intelligente, mais zéro motivation. Mon côté rebelle, encore une fois : je séchais tout le temps les cours. À cet âge, j’ai lu L’Alchimiste de Paulo Coelho, et ce livre a littéralement changé ma vie. Il introduit le concept de la “loi d’attraction” : tu peux attirer tout ce que tu désires si tu y crois et que tu te consacres à tes rêves. Ça m’a poussée à faire le grand saut !