Comment tes voyages à travers le monde et ta vie à Dubaï ont-ils influencé ta perspective sur les identités plurielles dans le monde arabe et sa diaspora ?
Arriver à Dubaï et au Moyen-Orient, et dans le Golfe de manière générale, m’a permis de fréquenter des gens d’origines très diverses, de parcours très divers et de pays très divers aussi. Les Émirats sont un pays très cosmopolite, mais si on reste concentré sur les populations arabes, c’est assez intéressant de voir ce mélange de Libanais, Syriens, Koweïtiens, Libyens, Saoudiens, Algériens, Marocains et Tunisiens. C’est vraiment la langue arabe qui m’a permis de réfléchir sur les identités plurielles dans le monde arabe, notamment à travers les différents dialectes. En prêtant l’oreille d’un peu plus près, c’est très intéressant de voir qu’il y a des différences, mais surtout beaucoup de points communs. Les voyages m’ont fortement inspiré, j’ai pu voyager dans beaucoup de pays arabes et m’intéresser un peu plus à la culture de chacun de ces pays.
Peux-tu nous parler de l’importance de la mémoire et des souvenirs personnels dans la construction de l’identité arabe que tu explores dans ton livre L’Arabe confus ?
Il y a la mémoire, les souvenirs personnels qui reviennent constamment, notamment dans le cadre familial, qui est le premier cadre dans lequel les identités arabes vont s’exprimer. Mais après, ce qui était important c’était de voir comment on peut porter un regard critique, un regard un peu plus adulte et surtout une interprétation plus qu’un simple regard. Cette mémoire, ces souvenirs, nous ne sommes pas les seuls à les partager avec un groupe, avec des gens différents, et c’est bien de leur donner un sens pour se souvenir. Dans le cadre de l’immigration maghrébine en France, et de l’immigration arabe de façon plus générale, c’est aussi valoriser nos héritages mais surtout savoir ce qu’on peut en faire. Je parlais de la langue arabe auparavant, on voit que c’est très difficile de l’apprendre dans le cadre de l’éducation nationale. Qu’est-ce qu’on peut faire pour favoriser cette transmission ?
Qu’est-ce qui t’a donné l’envie et l’impulsion d’écrire ce livre ?
À travers le compte Instagram, et aussi une esthétique assez propre et reconnue, pour laquelle je suis aussi reconnu sur la plateforme, je voulais dépasser cette notion du beau. Le beau doit toujours exprimer un message, un message culturel, politique mais aussi historique. J’ai commencé à faire de plus en plus de stories didactiques pour apprendre ou partager avec des gens un peu plus de détails qu’une image ou qu’une légende sous un post. Donc j’ai commencé à faire des stories assez détaillées, puis les gens me demandaient toujours de les mettre en highlights, et c’est ce que j’ai commencé à faire. Puis un jour, j’ai été contacté par une éditrice, qui m’a proposé un projet de livre, ce qui m’a assez excité parce qu’on a tous, au fond de la tête, le projet d’écrire un livre. Ce qui m’a excité, c’était d’en faire une démarche de longue durée, un peu “classique” sur le long terme, puis le contexte politique international. Il fallait absolument travailler autour d’un objet de transmission et le meilleur objet de transmission, c’est le livre.