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The Confused Arab : l’auteur qui t’invite à explorer ton identité et bien plus encore

De nombreux militants, artistes et acteurs culturels prennent la parole sur Instagram pour partager leur vécu. Parmi eux, Sofiane Si Mrabet, alias @TheConfusedArab, se démarque par son approche unique et profonde de l'identité arabe.

Photographe : Moz

À une époque où tout le monde se précipite pour écrire sur les questions identitaires, Sofiane Si Mrabet, alias @TheConfusedArab, montre comment son livre résulte d’un cheminement réfléchi et mûri. Qu’est-ce que cela signifie d’être arabe aujourd’hui ? Quelle histoire partagée unit la communauté ? Comment dépasser l’actualité et les idées reçues pour exprimer la fierté d’être soi ? Dans son livre “L’Arabe confus”, Sofiane Si Merabet, l’auteur et artiste aux multiples facettes, explore ces questions avec audace et profondeur. En rejetant les simplifications et en construisant des ponts uniquement lorsqu’ils sont nécessaires, il se distingue comme un auteur qui privilégie les nuances plutôt que les raccourcis.

Quelle a été ta principale motivation à l’époque pour créer le compte Instagram @TheConfusedArab et explorer le concept de “future nostalgie” ?

Le compte Instagram de The Confused Arab a été créé comme une série de réflexions personnelles pour s’interroger sur mon héritage, mais aussi sur l’héritage de nombreuses personnes d’origine arabe. De ce que j’estime être la diaspora arabe/arabo-berbère de manière plus générale, et de la façon dont on qualifie les populations arabes en France. L’objectif était d’apporter des éclairages culturels et historiques sur des éléments de nos vies quotidiennes. C’était aussi revenir sur nos héritages, notamment la fameuse nostalgie avec laquelle on a tous grandi. La nostalgie n’est pas simplement quelque chose de tourné vers le passé, mais on peut lui imaginer une utilisation future inspirante. L’objectif du compte était aussi de mettre en avant des initiatives culturelles et artistiques et d’interroger les héritages.

Comment tes voyages à travers le monde et ta vie à Dubaï ont-ils influencé ta perspective sur les identités plurielles dans le monde arabe et sa diaspora ?

Arriver à Dubaï et au Moyen-Orient, et dans le Golfe de manière générale, m’a permis de fréquenter des gens d’origines très diverses, de parcours très divers et de pays très divers aussi. Les Émirats sont un pays très cosmopolite, mais si on reste concentré sur les populations arabes, c’est assez intéressant de voir ce mélange de Libanais, Syriens, Koweïtiens, Libyens, Saoudiens, Algériens, Marocains et Tunisiens. C’est vraiment la langue arabe qui m’a permis de réfléchir sur les identités plurielles dans le monde arabe, notamment à travers les différents dialectes. En prêtant l’oreille d’un peu plus près, c’est très intéressant de voir qu’il y a des différences, mais surtout beaucoup de points communs. Les voyages m’ont fortement inspiré, j’ai pu voyager dans beaucoup de pays arabes et m’intéresser un peu plus à la culture de chacun de ces pays.

Peux-tu nous parler de l’importance de la mémoire et des souvenirs personnels dans la construction de l’identité arabe que tu explores dans ton livre L’Arabe confus ?

Il y a la mémoire, les souvenirs personnels qui reviennent constamment, notamment dans le cadre familial, qui est le premier cadre dans lequel les identités arabes vont s’exprimer. Mais après, ce qui était important c’était de voir comment on peut porter un regard critique, un regard un peu plus adulte et surtout une interprétation plus qu’un simple regard. Cette mémoire, ces souvenirs, nous ne sommes pas les seuls à les partager avec un groupe, avec des gens différents, et c’est bien de leur donner un sens pour se souvenir. Dans le cadre de l’immigration maghrébine en France, et de l’immigration arabe de façon plus générale, c’est aussi valoriser nos héritages mais surtout savoir ce qu’on peut en faire. Je parlais de la langue arabe auparavant, on voit que c’est très difficile de l’apprendre dans le cadre de l’éducation nationale. Qu’est-ce qu’on peut faire pour favoriser cette transmission ?

Qu’est-ce qui t’a donné l’envie et l’impulsion d’écrire ce livre ?

À travers le compte Instagram, et aussi une esthétique assez propre et reconnue, pour laquelle je suis aussi reconnu sur la plateforme, je voulais dépasser cette notion du beau. Le beau doit toujours exprimer un message, un message culturel, politique mais aussi historique. J’ai commencé à faire de plus en plus de stories didactiques pour apprendre ou partager avec des gens un peu plus de détails qu’une image ou qu’une légende sous un post. Donc j’ai commencé à faire des stories assez détaillées, puis les gens me demandaient toujours de les mettre en highlights, et c’est ce que j’ai commencé à faire. Puis un jour, j’ai été contacté par une éditrice, qui m’a proposé un projet de livre, ce qui m’a assez excité parce qu’on a tous, au fond de la tête, le projet d’écrire un livre. Ce qui m’a excité, c’était d’en faire une démarche de longue durée, un peu “classique” sur le long terme, puis le contexte politique international. Il fallait absolument travailler autour d’un objet de transmission et le meilleur objet de transmission, c’est le livre.

Comment l’art et la culture peuvent-ils jouer un rôle dans la redéfinition et la réappropriation des identités arabes contemporaines ?

Dans mon cas, ça a été fondamental. L’art et la culture, c’est quelque chose pour lequel nos pays sont assez connus, il y a un niveau de richesse et de sophistication très important. D’autant plus qu’il était important pour moi d’y amener les membres de la diaspora mais aussi la jeunesse des pays arabes qui est poussée à réfléchir à l’immigration. Lui dire qu’il y avait des raisons d’espérer dans nos pays. Et rien de mieux que l’art et la culture pour le faire.

Quels sont les défis que tu as rencontrés en confrontant le passé et le présent pour mieux comprendre les fragments de l’identité arabe ?

Dès qu’on commence à parler du passé, on a des déclarations un peu clichés du style “oui c’était mieux avant”, “les sociétés étaient plus traditionnelles”, “on avait une meilleure connaissance de qui nous étions”. Il y a une vraie idéalisation du passé, ce qui est faux. Malgré les guerres répétées et les conflits politiques, l’accès aux indépendances est à souligner, c’est très important, notamment parce que je suis d’origine algérienne. L’accès à la liberté des peuples colonisés est quelque chose d’essentiel, et par la suite, un point clé c’est les avancées socio-démographiques, l’éducation des femmes et plein d’autres points. Plein de choses finalement qui font que ce n’était pas mieux avant. Il y a plein de choses positives dans le passé aussi, mais qui sont utilisées dans une approche future et pas simplement comparées au présent.

Comment espères-tu que ton livre L’Arabe confus et ton travail sur @TheConfusedArab contribuent à une meilleure compréhension et à une plus grande fierté de l’identité arabe ?

J’espère apporter ma pierre à l’édifice d’une meilleure connaissance de qui nous sommes et être très clair sur le fait qu’il ne faut pas chercher la simplicité. C’est une diversité, une richesse et une sophistication qui ne doivent pas être simplifiées, même si elles le sont souvent à travers le regard des autres, des normes arabes. Il faut vraiment insister sur le fait que nous avons des problématiques assez communes, et surtout valoriser cette richesse culturelle, cette existence, cette présence. Se dire arabe, bien sûr dans un pays arabe, c’est plus facile qu’en diaspora, mais il ne faut pas non plus chercher les raccourcis quand nous sommes en situation de diaspora. Et cela passe par une réaffirmation de la langue, avec plusieurs étapes. Beaucoup de gens s’intéressent à leurs origines, mais le retour à la langue, notamment à travers la musique, me semble une des étapes les plus importantes.

Quelles sont les principales idées reçues sur l’identité arabe que tu souhaites déconstruire à travers ton livre et tes projets artistiques ?

Comme je le disais, il y a beaucoup de clichés. Ces clichés sont le fait d’une trop grande simplification de nos cultures. Elles sont vues comme “traditionnellement plus conservatrices”, ce qui est faux, que nos pays seraient aussi marqués par la violence ou le fatalisme. Il faut vraiment montrer toute la richesse, la beauté et la sophistication (j’y reviens encore) dont nos pays savent faire preuve. Mais surtout l’engagement porté par la jeunesse qu’il faut mettre en avant.

Comment vois-tu l’avenir de l’identité culturelle arabe et quelles aspirations espères-tu pour les générations futures dans le monde arabe et sa diaspora ?

L’écrire au pluriel déjà, qu’il y ait un peu plus de ponts entre les diasporas et les jeunesses des pays arabes, et déconstruire un peu les relations descendantes qu’il peut y avoir entre l’Occident et le Monde Arabe. Quand on est au Maghreb, ou dans un pays arabe, et pour avoir des informations sur ce qui se passe dans le pays à côté, il fallait avoir recours à des plateformes et des médias européens. Je suis content de voir que ça change, de voir qu’il y a un intérêt des Arabes pour les Arabes et que ça ne passe pas par juste un canal particulier. Je pense aussi qu’il est important qu’on réfléchisse sur comment faire les choses à notre manière, à nos manières. Notamment via la musique, la cuisine, l’art de vivre, l’artisanat, il faut utiliser les savoir-faire traditionnels mais aussi les réinterpréter sans rester dans une certaine vision des traditions.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes artistes et entrepreneurs culturels qui souhaitent explorer et exprimer leurs identités plurielles ?

Il faut rechercher, se rechercher, poser des questions, profiter pour parler avec des gens plus âgés, aux anciens. Challenger, interroger leurs réponses, voyager beaucoup et puis utiliser qui ils sont. Quand on grandit en France, au Canada, en Europe ou aux États-Unis, on est aussi nourri d’un environnement très différent, et c’est très important d’en avoir conscience quand on est en diaspora. Quand on se pose la question de qui on est, il faut avoir à l’esprit de se penser comme plusieurs, ne pas dire “oui, salut, moi je suis d’origine algérienne/marocaine/tunisienne/libanaise etc…”. Il faut sortir de ce carcan, de cette logique exclusive. Ne pas se mettre entre deux chaises volontairement, pas de nulle part chez soi (comme la logique du trop blanc pour tel milieu et trop arabe pour un autre). Il faut se considérer comme partout chez soi. C’est très important d’étudier son héritage mais aussi de réclamer son présent et son moment partout pour construire un meilleur futur.

Photographe : Moz

Stylisme : Lilia Yasmin

Merci à : Aomi, Dries Van Noten, Marine Serre, Loewe et Manfield.

Lieu : Sharjah Art Foundation
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