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RAYE, Industry Baby

“C’est un peu agressif mais c’est de l’empowerment pur et dur” : voilà, en ses mots, la meilleure façon de résumer la démarche de Rachel Agatha Keen, étoile montante britannique en route pour de nouvelles galaxies. NYLON l’a rencontrée à Paris.

Photographes : Alex Brunet & Olga Varova
Stylistes : Léa Salaün & Enes Rolland

Doudoune ceinturée “MAYA 70” MONCLER
Voile & robe mise en jupe LANVIN
Ceinture PACO RABANNE
Mascara « M·A·CStack » M·A·C COSMETICS

Si d’aventure, tu as en tête d’éblouir le monde de ta lumière, prends garde à ceux qui voudraient te la dérober. Et si, comme RAYE, ton talent est ta plume, alors ne laisse personne écrire l’histoire à ta place. Son nom ne te dit peut-être rien, pourtant, tu connais probablement par cœur le tube “BIGGER” qu’elle cosignait sur l’album Black Is King de Beyoncé en 2019. “After the Afterparty” de Charli XCX, c’était elle aussi. Sur la liste de ses collaborateur.rice.s, tu trouveras Ellie Goulding ou encore Madison Beer. Un palmarès prestigieux, certes, mais qui cachait, en coulisses, la peine d’une artiste enchaînée, épuisée à force d’être exploitée et malmenée. 

Repérée par l’un des plus gros labels de l’industrie à l’âge de 16 ans, RAYE a démarré sa carrière dans le fracas. Je me souviens encore, en 2016, de la fraîcheur de son premier tube : “Shhh”. Tu entends la ligne de basse, sa voix, ses mots… Et tu sens qu’il se passe un truc. Une promesse. Puis j’ai perdu le fil. Les singles et featurings s’enchaînaient sans direction concrète ; le talent de RAYE semblait, de toute évidence, bridé. Mais pour quelle raison ? De temps en temps, je la retrouvais aux côtés de Martin Solveig ou de David Guetta… À quelles substances tournaient ceux qui l’avaient condamnée au featuring oubliable, si loin du groove et de l’irrévérence de “Shhh” ?

A l’été 2021, Rachel Keen a finalement renversé la table. Quelques semaines après la sortie de “Call on Me” – un énième tube feel good produit sous la pression –, elle décidait de tomber le masque. Elle n’allait pas bien. La pression qu’exerçait son label pour l’obliger à se conformer aux tendances du marché l’avait éloignée de l’essentiel : qui était-elle ? Et que signifiait vraiment être artiste ? Déterminée à se libérer de l’emprise de l’industrie, RAYE a fait ce qu’il fallait : mettre les pieds dans le plat. Après un coup de gueule bien senti sur les réseaux et deux trois interviews chocs sur la réalité de son quotidien, l’artiste obtient l’annulation de son contrat. Après six ans de vie commune, son label Polydor n’avait toujours pas produit un seul des quatre albums prévus : il était plus que temps de la laisser partir. 

RAYE for NYLON France

Doudoune ceinturée “MAYA 70” MONCLER / Voile & robe mise en jupe LANVIN / Ceinture PACO RABANNE / Mascara « M·A·CStack » M·A·C COSMETICS

Depuis, la jeune femme a pris le temps de n’écouter qu’elle-même et de rassembler ses forces pour les mettre – enfin – au service de sa propre voix. Plus personne pour lui dire qu’elle ferait mieux de faire ceci, de collaborer avec ceux-là ou de lier des mots quelconques pour écrire des mensonges. Il n’y avait plus qu’elle, sa feuille, son stylo et un micro. 

En juin dernier, elle publiait son premier single en tant qu’artiste indépendante, “Hard Out Here”. Ecrit le jour de sa rupture de contrat, le morceau introduit une ère marquée par la révolte et la transparence : “After years and fears and smiling through my tears / All I ask of you is open your ears / ‘Cause the truth ain’t pretty, my dear / It’s been dark, been hard out here.” Pointant du doigt les “white men CEOs” qui ont tenté de la réduire au silence, RAYE s’attaque à la racine de ses problèmes et se galvanise dans un mantra : “No weapon formed against me shall ever prosper / Baby I bounce back.” En août, l’artiste libérée poursuit avec un second single, “Black Mascara”. Après le beat hip-hop tranché de “Hard Out Here”, elle opte cette fois pour un crescendo techno qu’elle incarne de ses runs dignes des plus grandes divas du R&B. Passée maître dans l’art des mélodies vocales qui s’enchevêtrent avec grâce, RAYE fait ici la démonstration de sa virtuosité : look what you’ve done to her… 

Alors qu’elle fêtera bientôt ses 25 ans, l’Anglaise tient enfin son premier album entre ses mains et, au vu des deux premiers singles, le résultat s’annonce légendaire. La bande-son d’une revanche, la libération d’une pop star. Enfin prête à voler de ses propres ailes, RAYE a profité de son passage à Paris pour me raconter son histoire et me parler du genre d’artiste qu’elle veut être aujourd’hui. 

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Peux-tu me parler du quartier où tu as grandi à Londres ?

J’ai grandi à South London, dans un quartier en marge avec des trottoirs gris, des embouteillages et un tas de cultures différentes ; entourée de gens qui ont les pieds sur terre et qui travaillent dur pour gagner leur vie. J’y habite toujours : je crois que je ne partirai jamais ! 

Tu as sorti ton premier EP très jeune. Qu’avais-tu en tête à l’époque ? 

Depuis l’âge de 7 ans, j’ai toujours eu le même objectif : devenir musicienne, écrire mes chansons et trouver mon chemin à travers cette industrie. Je n’avais aucun plan, aucun contact, aucune porte… Mais je suis Scorpion, donc très déterminée ! J’acceptais tous les gigs, je chantais dans les rues, à l’église… Partout où je le pouvais. Dans mon premier lycée, j’ai rencontré un prof de guitare avec qui j’ai commencé à travailler. Il m’a présenté à un producteur, qui m’a présenté à quelqu’un d’autre, et ainsi de suite jusqu’à ce que je rencontre mon premier manager.

À 17 ans, tu as signé ton premier contrat en maison de disques. Comment te sentais-tu le jour de la signature ? 

J’étais très excitée ! Pour être honnête, c’est une histoire de dingue. Olly Alexander – que j’aime tant – avait découvert ma musique, et il s’est mis à la partager sur ses réseaux. À partir de ce moment, tout s’est accéléré : je recevais des appels et enchaînais les rendez-vous avec un tas de personnes qui s’intéressaient à moi. Le jour de la signature, j’hésitais encore entre deux labels. C’était un ultimatum difficile à comprendre à 17 ans, mais j’ai fini par faire mon choix. Et on ne saura jamais ce qu’il se serait passé si j’avais signé avec l’autre maison de disques…

Sais-tu pourquoi les labels s’intéressaient tant à toi ?

Je ne sais pas vraiment… Ce que j’ai vite appris à propos de l’industrie musicale, c’est que les gens adorent parler. Les mots sont faciles à dire ! On te dit ce que tu veux entendre quand il le faut – pour te pousser à signer un contrat par exemple. Une fois que le contrat est signé, c’est là que les choses commencent à changer. 

À quoi ressemblait ton quotidien ? J’ai lu que tu travaillais tous les jours sans relâche…

J’ai travaillé très dur, c’est clair. Je jonglais entre deux jobs tout en composant de la musique à plein temps. J’écrivais comme une machine et je pouvais enregistrer deux ou trois sessions par jour. Les problèmes ont commencé lorsque j’ai réalisé que les personnes qui s’occupaient de moi – mon ex-manager, par exemple – m’éloignaient petit à petit de la musique que je voulais faire. On me demandait de faire de la musique “qui vend” ; et moi, j’avais cette volonté de faire plaisir. Au public, à mes collaborateurs, aux gens en général… C’est ce qui m’a poussée à accepter la situation telle qu’elle était. Progressivement, tu oublies comment écouter ton propre instinct : tu ne fais plus que ce que l’on te demande. 

Par le passé, tu t’es décrite comme une “rent-a-verse”. Que signifie cette expression pour toi ? 

Par “rent-a-verse”, je parle de la situation dans laquelle je me trouvais au sein de mon ancien label. Des personnes faisaient appel à moi pour ma voix et mes lyrics, mais dès que j’avais donné cette part de moi, iels disparaissaient sans dire au revoir. J’ai l’impression d’avoir été utilisée comme un tremplin par beaucoup de monde… On venait me voir en mode : “Tu devrais faire ça”  – “Hmm, mais je ne le sens pas” – “Peut-être, mais tu devrais le faire” – “Oh OK, ben je vais le faire alors”. Dans le pire des cas, être un.e “rent-a-verse” signifie aussi n’avoir aucun contrôle créatif, aucune voix dans les prises de décision. Imagine-toi bien : si l’on voulait une démo que j’avais enregistrée il y a cinq ans, je n’avais même pas l’occasion de la réenregistrer. Je devais tout donner, et sans broncher. Devoir signer de ton nom une œuvre sur laquelle tu n’as eu aucun contrôle, c’est juste absurde.

Je dirais donc, inspirée par Miss Nina Simone en personne, qu’être artiste, c’est avant tout refléter le monde dans lequel nous vivons et ne jamais s’excuser d’être soi-même, peu importe ce que les gens pensent.

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Robe et chapeau SCHIAPARELLI / Lunettes BALENCIAGA / Escarpins PRADA / Sac MAISON MARGIELA / Bague personnelle

Sais-tu pourquoi ton label t’a empêchée de sortir ton album pendant si longtemps ? 

Malheureusement, mon expérience me montre que c’est de cette façon que l’industrie brise les femmes, en particulier les jeunes artistes. On te fait enregistrer quelques morceaux dance, puis tu fais quelques featurings… Si tu as de la chance et que tu marches assez bien, alors peut-être qu’un jour, on te laissera prendre plus de place. C’est une sorte de piège. Je comprends l’idée d’un point de vue purement commercial : la dance music est très populaire, d’autant plus lorsque le monde part en vrille. Les gens ont besoin de s’évader, de se sentir bien. Je comprends pourquoi la demande est si élevée… Mais est-ce une raison valable pour me forcer à produire cette musique lorsque je n’en ai pas envie ?

Qu’est-ce qui était le plus difficile à gérer ?

Tu sais, le fait d’écrire des chansons m’apporte beaucoup de joie ; j’aime composer, et j’aime aider d’autres artistes à traduire leurs histoires en musique. Ce qui est triste, c’est le manque de considération envers les songwriters. On est clairement les personnes les moins respectées de toute cette industrie. Au moment où tu quittes la pièce : personne n’en a rien à faire de tes sentiments, de tes crédits ou de savoir si tu auras de quoi remplir le frigo ce mois-ci. Après toutes mes tentatives pour attirer l’attention du public sur ce sujet, j’entends des bruits de couloir en mode “RAYE ne va pas nous dire comment faire notre travail, on ne changera pas les règles”. Il reste encore beaucoup de travail…

C’est comme si on devait s’estimer heureux.se d’être exploité.e…

T’as vu ça ? Mais comment osent-ils ?! (Rire.)

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Robe et chapeau SCHIAPARELLI / Lunettes BALENCIAGA / Sac MAISON MARGIELA / Bague personnelle

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À quel moment as-tu compris qu’il fallait te séparer du label ?

La sortie de “Call on Me” a été un vrai choc. J’adorais la vidéo, mais je n’avais jamais pensé interpréter ce morceau : c’était un texte que j’avais écrit en espérant qu’il intéresse quelqu’un d’autre. Mais il cochait toutes les cases de mon label : un certain tempo, une vibe joyeuse, rythmée, drôle. C’était un morceau facile à comprendre.

Si tu sors un morceau que tu adores et qu’il ne marche pas, c’est pas grave puisque tu es toujours fier.e de ce que tu as fait. En revanche, poser ton nom sur un morceau que tu détestes… C’est très difficile. Je me sentais embarrassée, flottant sur l’échec que symbolisait ce morceau qui me foutait la honte… J’aurais pu perdre la tête ! Je suis allée dans ma chambre où je garde un poster de Nina Simone depuis toujours. Sous sa photo, il y a une citation : “Il est de la responsabilité d’un.e artiste de refléter son époque.” J’ai regardé ce poster, et j’ai fondu en larmes… Comment avais-je pu accepter de travailler de cette façon si longtemps ? À ce moment, j’ai eu l’impression que Nina Simone s’adressait à moi : ‘Lève-toi, quitte ces gens et retourne au combat pour faire entendre ta propre voix.’”

Comment la rupture s’est-elle déroulée ?

C’était plutôt flippant. Au début, tu reçois beaucoup de soutiens, puis le silence. Puis quelqu’un m’a appelé pour me demander d’arrêter de donner des interviews. J’ai répondu que j’arrêterai le jour où mon contrat sera annulé et que je récupérerai ma musique. En vrai, j’ai beaucoup de chance qu’iels aient accepté. Tant d’artistes sont piégé.e.s par des contrats malhonnêtes et ne peuvent rien y faire. D’ailleurs, j’aimerais ajouter que je n’ai rien contre les employé.e.s de mon ex-label : tout le monde était adorable. Mon problème concerne les personnes au sommet de la hiérarchie ; ce sont toujours eux le problème, non ? 

Je crois que tu as écrit “Hard Out Here” le jour de la rupture du contrat. Il se passait quoi dans ta tête ?

Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait mais j’avais l’esprit en feu. Je voulais que ce chapitre soit le plus authentique possible, et raconter mon parcours sans me soucier de l’avis des un.e.s ou des autres. Il s’agit de sentiments viscéraux que j’avais besoin d’extérioriser pour me retrouver en tant qu’artiste. Écrire “Hard Out Here”, c’était flippant mais aussi cathartique. Au moment d’écrire les premières lignes, tu te sens toute petite, insignifiante. Puis, à la fin du processus, tu exploses de joie. J’avais vraiment besoin de raconter tout ça.

Dans ce morceau, tu parles d’addictions. Quel rôle ont joué les drogues dans ton histoire ? 

L’addiction, c’est un sujet dont je parle beaucoup dans l’album – notamment sur le prochain single “Escapism”. En tant que femme, j’avais l’impression que je ne pouvais pas parler de ça : l’industrie nous fait bien comprendre que ce n’est pas sexy. Mais le silence n’arrange rien, au contraire. Pendant des années, j’ai gardé cette part de moi secrète. Je consommais des produits pour supporter l’absurdité de ma vie, le mensonge qu’était devenue ma carrière. C’était très sombre… Depuis que j’ai quitté ce système, je suis en bien meilleure santé car la seule pression que je dois supporter est celle que je m’impose à moi-même. 

Écrire “Hard Out Here”, c’était flippant mais aussi cathartique. Au moment d’écrire les premières lignes, tu te sens toute petite, insignifiante. Puis, à la fin du processus, tu exploses de joie. J’avais vraiment besoin de raconter tout ça.

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Body MONCLER / Manteau SONGZIO / Chaussettes MIU MIU / Chaussures ISABEL MARANT / Bagues ALAN CROCETTI / Mascara « M·A·CStack » M·A·C COSMETICS

J’imagine que l’ambiance était différente en studio… Dans quelles conditions as-tu enregistré l’album ?

En studio, c’était juste moi et Mike Sabath – l’un de mes meilleurs amis avec qui j’ai produit tout l’album. Ensemble, on a réécouté mes vieilles démos, expérimenté avec mes nouveaux textes… C’était comme assembler les fragments d’un miroir brisé pour recomposer l’histoire. Maintenant, je suis impatiente de partir en tournée pour guider mon public à travers tout ce bordel. 

Tu sais, pour composer cet album, j’ai dû me libérer d’un tas de mensonges qu’on m’avait mis dans la tête. Être numéro un en faisant mine d’être quelqu’un d’autre, je n’en ai plus rien à faire. Aujourd’hui, tout ce qui compte pour moi, c’est d’être une artiste authentique. Et si, par chance, j’arrive au sommet en restant fidèle à moi-même, alors je pourrai remercier le ciel.

Qu’est-ce que signifie être artiste aujourd’hui pour toi ?

Être honnête, c’est ce que j’ai eu du mal à faire ces dernières années. Je ne veux plus avoir à afficher de faux sourires, prétendre que je vais bien lorsque tout va mal. J’ai des histoires à raconter, des choses qui me passionnent, des choses que j’ai envie de changer… Il ne s’agit pas de pointer qui que ce soit du doigt, mais de raconter ma vérité. Et j’ai encore beaucoup de mots à sortir de ma poitrine !

Je dirais donc, inspirée par Miss Nina Simone en personne, qu’être artiste, c’est avant tout refléter le monde dans lequel nous vivons et ne jamais s’excuser d’être soi-même, peu importe ce que les gens pensent. C’est un long chemin – et j’apprends chaque jour – mais je n’ai jamais été si près du but.

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Top & legging MARINE SERRE / Écharpe MAISON MARGIELA / Escarpins PARIS TEXAS / Bagues TRANSE PARIS / Lunettes BALENCIAGA / Sac FENDI

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Ensemble tailleur MOTOGUO / Lunettes de soleil GIGI STUDIOS / Mascara « M·A·CStack » M·A·C COSMETICS / Bague personnelle

ALLÔ RAYE ?

Qu’est-ce qui fait un bon morceau ?

Des paroles bien écrites, c’est important bien sûr. Mais ce que j’aime surtout, ce sont les morceaux qui définissent de nouvelles tendances, ceux qui me font dire “J’aurais aimé écrire ça !”. 

Y a-t-il un.e artiste français.e que tu écoutes en ce moment ?

Je serai en studio ce soir avec Lala &ce ! Je la trouve incroyable, je suis très curieuse de voir ce qu’on peut faire ensemble.

Que fais-tu lorsque tu ne fais pas de la musique ?

Je joue à des jeux sur mon téléphone, je mange et je dors ! En vrai, je passe vraiment tout mon temps à travailler.

Quel est ton secret spot préféré à Londres ? 

J’adore Ronnie Scott’s et Kansas Smitty’s… J’ai passé beaucoup de temps dans ce genre de clubs de jazz et j’aime toujours autant y aller.

Le dernier album qui t’a marqué ?

Tout le dernier album de 070 Shake est juste incroyable… Et d’ailleurs, elle est en featuring sur mon prochain single !

Laquelle de tes punchlines te reste en tête en ce moment ? 

“I’m already acting like a dick / You know what I mean / See I might just stick in.” C’est un peu agressif mais c’est de l’empowerment pur et dur.

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Talent : RAYE

Journaliste : Thémis Belkhadra-Gobard
Photographes : Alex Brunet & Olga Varova
Stylistes : Léa Salaün & Enes Rolland
Maquilleuse : Christina Lutz chez Wise and Talented
Coiffeur : André Cueto chez Wise and Talented avec les soins Oribe
Manucure: Fiona Giuliani chez 11th Spot
Set Design : Lou Saviera
Régisseur : Antoine Wibaux

Executive Producer : Anath Socroun
Line Producer : Helen Amiri
Set Manager : Antoine Wibaux
Production Coordinator : Malo Le Mer
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