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Que raconte le “gay best friend” des teen movies?

On l’a vu, on l’a eu, on l’a été… Qu'est-ce que la représentation du meilleur ami gay dans la pop culture nous apprend sur l'évolution des droits LGBTQIA+ ?

Tantôt traité comme un précieux confident, tantôt comme un prestataire de services et un indispensable du relooking, tantôt dans le rôle de simple assistant-accessoire… Si tu as grandi en tant qu’enfant gay dans les années 2000 et 2010, l’image du meilleur ami gay, bien que parfois libératrice, t’a probablement aussi terrifié.e, non ? 

C’était déjà extrêmement difficile de découvrir qui j’étais dans les années formatrices de l’adolescence, et la culture pop alimentait des stéréotypes qui ne faisaient que renforcer les préjugés (internes et externes). 

Aujourd’hui, j’ai pu dépasser tout cela, mais j’aimerais examiner comment les médias et la société représentaient les personnes s’identifiant comme gays et ce que cela signifiait pour la communauté. 

Quand le GBF est-il devenu une réalité ? 

L’histoire du BFF gay dans les médias grand public date du milieu des années 1980. Il apparaît pour la première fois dans des films américains et allemands en tant que personnage secondaire avec un temps d’apparition restreint et peu de répliques. 

Ce rôle advient alors que les questions LGBTQIA+ prennent de l’importance dans le mainstream (toujours de manière désobligeante et discriminatoire), dans le contexte de la crise du sida. Comme l’art imite la vie, ces personnages sont une tentative de traduire la vie réelle à l’écran, mais ils remplissent également une tâche très importante : ils présentent et normalisent les homosexuels – même s’ils sont excessivement stéréotypés – à un public qui, à cette époque, ne reçoit que des récits ultra-négatifs et des informations erronées et dangereuses au sujet de la communauté queer. 

Fast-forward jusqu’aux années 90 : alors que les stigmates du sida ont été un peu démystifiés, le GBF réapparaît sous une autre forme. Il joue toujours le rôle de personnage secondaire avec une backstory un peu obscure – dont on ne parle pas vraiment –, mais à cette époque, un grand pas est franchi : sa personnalité commence à être construite dans le cadre d’une histoire. Il n’est plus ce personnage obscur dont la plupart des gens ne se souviendront pas après le film. Si ses apparitions sont encore fugaces, le GBF a maintenant un nom, des complexes et une personnalité distincte. Cependant, la diversité n’est toujours pas au rendez-vous. Comme la plupart de leurs homologues hétéros, la plupart de ces personnages sont cis, blancs, masculins et vivent un mode de vie plutôt hétéronormé. Pourtant, à la fin des années 90, la place prise par les personnes LGBTQIA+ dans la culture pop s’est considérablement améliorée.

Des personnes comme Ellen DeGeneres, Gianni Versace, George Michael, Boy George, RuPaul, David Bowie vivent alors leur vie en tant que personnalités publiquement hors du placard, tandis que d’autres grandes icônes de la culture pop comme Cher, Madonna ou même la princesse Diana affichent un soutien public total aux causes LGBTQIA+ et se battent aux côtés de la communauté. 

Le nouveau millénaire : le GBF est là pour rester 

Puis, les années 2000 arrivent et tout change. Le nouveau millénaire est une période de grands bouleversements pour les personnes LGBTQIA+. Les Pays-Bas deviennent le premier pays à légaliser le mariage homosexuel en 2000. Rapidement, la question de savoir qui sont les personnes LGBTQIA+ et ce qu’iels veulent apparaît partout en politique, dans le discours public, et devient un vaste sujet de discussion tout au long des premières années jusqu’aujourd’hui. 

Avec l’acceptation croissante par le grand public, les personnages homosexuels commencent à acquérir plus de liberté pour représenter leur propre communauté et ses causes dans une plus large mesure. Au début des années 2000, le personnage du GBF commence à surstéréotyper l’image de ce camp, drôle, féroce et souvent un peu trouble. Habituellement dans les rôles de coiffeur, styliste, maquilleur, designer (non spécifié) ou juste tous ces rôles combinés, leur personnage est presque obligatoirement au service d’une femme cis, hétéro, blanche à laquelle ils “appartiennent” ou pour laquelle ils travaillent – même si elle le considère comme son meilleur ami pour la vie, la hiérarchie est palpable. Leur sexualité n’est plus taboue, elle est étalée fièrement sur la table, mais elle est aussi la cible de punchlines, de blagues, de questions ou de discussions pour le moins gênantes – et surtout de comportements homophobes de la part de personnages masculins hétérosexuels qui représentent généralement un intérêt amoureux ou traînent avec sa “meilleure amie”. 

Cependant, c’est aussi au début des années 2000 que l’on commence à voir des changements. Des films cultes comme But I’m a Cheerleader ! s’attaquent directement à la question avec humour, avec quelques stéréotypes bien sûr, mais aussi avec l’intention de montrer les gays sous un jour positif et de démystifier le tabou qui circule encore dans la majorité de la population mondiale à l’époque. Puis arrivent les années 2010, les questions LGBTQIA+ sont déjà largement abordées, obtenant le soutien positif des populations du monde occidental, mais on n’est pas encore tout à fait au point en termes de représentation positive. Mais l’intention est là. Apparaissent des personnages et des couples gays dans des séries à succès comme Kurt & Blaine, Santana & Brittany dans Glee, Maxxie dans Skins, Eric dans Gossip Girl et Lafayette Reynolds dans True Blood. Bien que secondaires, ces personnages jouent un rôle majeur dans les trames de ces séries et rassemblent leur propre public de fans. Des séries comme Queer Eye ou The L Word donnent aux personnages LGBTQIA+ la chance d’être au centre de l’intrigue, tandis que des émissions comme RuPaul’s Drag Race montrent, célèbrent, parlent de personnes racisé.e.s, d’origines culturelles et d’identités de genre divers, hors des binarités classiques.

@hbomax Fifth rule: always listen to Luna. #GossipGirl ♬ original sound – hbomax

Et aujourd’hui ?

Après des décennies d’essais et d’erreurs concernant la représentation des LGBTQIA+ dans les médias, c’est presque un succès. La diversité actuelle des personnages dans les médias, qui sont présents dans presque tous les films ou émissions de télévision, est bien meilleure. Leurs histoires sont plus complètes, plus proches de la réalité et moins monocordes, mais tout n’est pas encore parfait. Du moins pas pour tout le monde. 

L’ère “woke” des réseaux sociaux a mis Hollywood à rude épreuve pour inclure (et vendre à) ces publics qui ont définitivement pris leur place dans la société et sont un sujet de discussion inévitable, positif ou non. Cela entraîne un problème de surexposition de certaines questions. Un récent article du magazine américain Them note comment le personnage de la “trans BFF” occupe maintenant l’espace laissé par le GBF une fois que celui-ci a été élevé au rang de personnage principal. Les questions LGBTQIA+ ne sont pas homogènes. Les différentes cultures et origines font ressortir des problèmes qui ne peuvent être représentés par les personnes qui détiennent actuellement le pouvoir de décision dans les productions grand public… Ce qui entraîne malheureusement une représentation erronée d’un regard blanc, occidental et cis-hétéronormatif sur ces questions. Oui, c’est difficile de parler de toutes les histoires et de tous les contextes, mais il est également important d’essayer. Pendant des siècles, le récit blanc, cis-hétéronormatif a envahi la culture pop et a été reformulé encore et encore dans l’entertainement. Pourquoi ne pas faire le même effort pour la représentation des LGBTQIA+ ? 

Les GBF, LBF, BBF, NBBF, TBF ou LGBTQIA+BF peuvent et ont définitivement été des allié.e.s pour nous. A leur manière, ces personnages ont imposé des discussions importantes dans des espaces où il n’y avait pas d’opportunité de discours alternatif, et ont donné à beaucoup de personnes de la communauté (moi y compris), le courage et l’audace nécessaire pour sortir et montrer son vrai petit soi fabuleux au monde. Cependant, il y a encore du chemin à parcourir et ces personnages devraient maintenant plus que jamais être pris en main par des personnes représentant les mêmes communautés qu’eux.elles… C’est la seule façon de faire les choses correctement. 

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