La catin post-VHS
Couple sulfureux, voyeurisme, argent et naissance d’Internet : la série raconte une nouvelle ère dans l’histoire de la célébrité. On comprend qu’avant le tournant de l’an 2000, le corps et la vie privée des stars féminines sont déjà une marchandise publique, et que le web est le support de ce marché de l’exhibition.
Pamela Anderson ne fut pas la première victime du stéréotype de la fille à la morale légère dont le seul talent est une plastique fantastique. Elle s’inscrit dans une longue généalogie cinématographique de la bimbo dont Marilyn fut souveraine. Nue, la peau humide sous sa robe rouge dans Niagara en 1953, Monroe relance le star-system de l’époque. Peu de dialogues, le corps comme unique atout, elle est une simple pécheresse au sex-appeal débordant. En quête d’être aimée, elle est à l’époque traquée par le tabloïd Confidential qui narre ses aventures et ses divorces.“Le désir de ramener les stars sur la terre est un des courants essentiels de ce temps”, écrit alors la journaliste Margaret Thorp.
Comme Marilyn, Pamela relance le marché de la série TV au tournant des années 1990, se consacrant corps et âme à sauver de la noyade les citoyens des plages de Malibu. Peu de répliques, beaucoup de courses au ralenti durant lesquelles sa poitrine s’agite au rythme des vagues. Comme Marilyn, Pamela recherche l’amour. Elle s’affiche avec l’autre vedette de la série, David Charvet, mais la passion dévorante naîtra de son idylle avec Tommy Lee. Le bad boy tatoué n’est pas connu. Pam est déjà une icône. Ensemble, ils dérogent et fascinent.
Comme Marilyn, Pamela fera les frais de la joie malsaine du public face à sa déchéance. Fin 1995, le Daily Mail rapporte le premier la rumeur sur une vidéo maison du couple en pleins ébats. L’affaire explose à la figure de la belle et du bad boy. “C’est plus grave pour moi”, lance trente ans plus tard le personnage de Pamela à Tommy dans la série.
“Dans la société, le stéréotype est simple : célébrer les exploits sexuels des hommes en expliquant qu’il s’agit d’un rite de passage. En revanche, la vision d’une jeune femme sexuellement expérimentée sera condamnée. C’est une forme d’oppression sexuelle servant à rappeler aux jeunes filles leurs rôles passifs dans les scripts hétérosexuels”, explique la sociologue Laura Hamilton. Le mariage ne survira pas au tremblement de terre et l’affaire inaugure une ère de slut-shaming dont la prochaine victime sera la stagiaire de la Maison Blanche, Monica Lewinsky.