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Petit Biscuit, grosse discipline

Quatre ans après, Petit Biscuit fait son retour et il est in shape : il a musclé son corps, son cerveau, et même sa voix ! NYLON l’a interviewé pour parler de son dernier album Discipline, de santé mentale et de ses inspirations.

Le producteur de musique électronique Mehdi Benjelloun aka Petit Biscuit revient après quatre ans de silence avec un nouvel album au titre évocateur, Discipline. Dans cet entretien avec NYLON, il raconte comment il a évolué personnellement et artistiquement durant la période du Covid, mais aussi son exploration de la sincérité à travers le chant et la collaboration. Entre anecdotes personnelles et réflexions profondes sur la discipline et le bien-être, Petit Biscuit dévoile les coulisses de sa musique et sa quête de vérité artistique.

Salut Mehdi, ça fait dix ans que tu as lancé ton projet Petit Biscuit, tu avais seulement 15 ans à l’époque !

Oui, j’ai commencé en regardant des vidéos YouTube, les leçons de Stromae. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse pareil, alors j’ai économisé, puis j’ai commandé mon premier ordi. J’ai installé un logiciel de production musicale et c’était parti.

Tu as explosé en 2017 avec ton premier album Présence, et tu as enchaîné avec Parachute en 2020. Et puis tu as laissé passer quatre ans avant de revenir avec ce nouvel album intitulé Discipline. Pourquoi ce titre ?

Je l’ai appelé comme ça parce qu’il y a eu un gros changement dans mon mode de vie. J’étais un peu perdu, fatigué par toutes les tournées, je ne me concentrais pas forcément sur mon bien-être. Quand le confinement est arrivé, ça m’a amené à remettre en question ma vie personnelle. J’ai pris du temps pour moi, pour mon bien-être, ça a été salutaire. J’ai aussi mené un vrai combat sur l’autodiscipline. Ce disque, je l’ai fait quasiment tout seul dans un contexte de confinement dans une solitude un peu extrême. J’ai alterné entre des périodes ultra-productives à n’en pas dormir et des moments où je ne faisais quasi rien pendant des mois. Le manque de motivation, c’est un combat contre soi-même. Comme j’appelais souvent mon manager pour lui en parler, il m’a poussé à creuser de ce côté. Et ça a résonné en moi, je tenais enfin le nom de l’album.

Quelles étaient les causes de ce manque de motivation ? 

J’ai toujours eu des périodes comme ça, où j’alternais entre productivité extrême et des moments où je ne me sentais pas légitime à faire de la musique, où je ne me trouvais pas bon. Et puis je suis parfois trop exigeant, alors que le but est de délivrer un produit sincère, pas de montrer tous mes talents – au contraire, je pense que les gens aiment ma musique pour sa simplicité. C’est toujours dur de se raisonner.

Tu es trop perfectionniste ?

Clairement, j’ai l’obsession du détail. Parfois, je sais d’avance ce que je veux faire, mais je ne suis pas sûr de l’exécution, ou alors j’ai un son à ajouter à un projet, et j’ai déjà cinq ou six versions du même son mais le projet est déjà tellement complet que j’ai peur d’y toucher, peur de dégrader l’œuvre en voulant la magnifier… 

Le seul morceau de l’album où tu n’es pas seul, c’est “I Forgot What’s Love”, une vraie chanson de Scorpion, comme toi. Tu peux nous en parler ? 

C’est un featuring avec Tim Nelson, chanteur de Cub Sport, un groupe australien que j’aime énormément. On s’envoie des démos depuis hyper longtemps avec Tim et on a testé plein de sons qui marchaient pas réellement. Mais quand je lui ai envoyé l’instru du titre, ça a débloqué plein de choses. On chante tous les deux, et on a écrit la topline à deux aussi, autour de ce thème que j’avais en tête “Ça se voit que tu m’aimes mais tu m’ignores un peu”, avant que je me rende compte que c’était mieux si Tim chantait ce que j’avais écrit et inversement !

Pour la première fois, tu poses ta propre voix sur ton album : c’est aussi une manière d’être plus sincère avec ton public, une façon de se montrer plus vulnérable ? 

J’ai toujours été attiré par le chant mais j’ai mis énormément de temps à être techniquement bon et à trouver mon timbre, ma signature vocale en quelque sorte. J’ai pris des cours, j’ai pratiqué énormément et au bout d’un moment, je me suis trouvé. Chanter me permet aussi de garder le contrôle sur mes œuvres artistiques. Quand je composais avec les featurings avant, c’était génial mais parfois, j’avais envie de mettre un peu trop mon nez dedans !

Tu t’es mis aux cours de chant en même temps que tu as commencé à aller à la salle de sport ? Tu t’es clairement discipliné pendant cette période !

Les cours de chant, j’avais commencé un peu avant le confinement, le sport en 2020, donc oui, beaucoup de choses se sont passées en même temps et ça se ressent dans l’album. La musique aussi est très différente, même si ça ressemble à du Petit Biscuit. Quand j’ai commencé à faire des tournées, je me suis rendu compte que le chant offrait tellement plus de possibilités, ça apporte une nouvelle dimension à tes concerts. Tous les signes étaient réunis pour que je m’y mette.

Tu parlais de contrôle sur tes œuvres. C’est pour ça que tu as lancé ton label Ecuries dès 2019 ?  

A la base, je voulais vraiment aider d’autres artistes et les accompagner via ce label. Puis je me suis posé beaucoup de questions sur Petit Biscuit, je me suis rendu compte qu’il fallait d’abord que je me concentre sur moi avant d’aider les autres. Je suis content parce que je vois que j’avance de plus en plus avec Petit Biscuit, et je sais que l’étape du label collectif arrivera. Je suis indépendant depuis le début, je n’ai jamais signé avec un label parce que je voulais garder le contrôle sur l’artistique. Quand je parle avec mes amis qui sont artistes, je vois que j’ai une liberté que je n’échangerais pour rien au monde. 

Il y a aussi une chanson qui s’appelle Honor Your Goals”. C’est en lien avec tes nouveaux accomplissements ?

C’est plus un son que j’ai écrit par rapport à mes parents. J’ai intégré beaucoup de phrases que me disaient mes parents. Quand tu grandis, il y a ce processus où tu prends et tu laisses certaines choses que t’ont dites tes parents. Je l’ai écrit comme une petite synthèse de ce que j’ai tiré des enseignements de mes parents.

On dirait que quelqu’un est allé en thérapie…

Ouais, j’en ai parlé une fois sur mes réseaux, je trouve que c’est la chose la plus personnelle que tu puisses partager. Mais c’est super important, ça m’a énormément aidé, et j’y vais toujours. D’ailleurs, tu n’y vas pas que quand tu vas mal, tu y vas aussi quand tu vas bien. J’ai beaucoup de mes amis qui me demandent conseil. Et je leur réponds que je peux les aider, que je peux être leur pote mais pas leur psy. Parler à un psy et à un pote, ce n’est pas la même chose du tout, je l’ai ressenti. Voir un psy, c’est voir une personne externe à ta vie. Tu peux lui confier des choses que jamais tu n’oserais dire à un.e ami.e. Le rapport est complètement différent.

C’est quoi ta plus grande leçon de ces dernières années ? 

Ce serait une leçon qui n’a rien à voir avec la musique : de consacrer du temps à celles et ceux qui sont ton vrai entourage et d’apprendre à repérer les personnes que tu dois mettre de côté.

Tu as quelques regrets ? 

Globalement, je ne me suis pas trop trompé, mais ça m’est arrivé quelques fois quand même. Il y a des bonnes personnes que tu revois après un certain temps et tu te demandes pourquoi tu n’as pas passé plus de temps avec elles. Partir en tournée, c’était bien, mais à force de côtoyer certaines personnes, tu te demandes pourquoi tu fais ça.

Tu vas souvent à Los Angeles, qu’est-ce qui t’attire là-bas ?

C’est vrai que j’y vais souvent, c’est une espèce de super terreau créatif, dans tous les milieux de LA – globalement les gens sont là pour l’art. J’ai rencontré énormément de personnes là-bas qui sont mes ami.e.s aujourd’hui. J’y vais à la fois pour voir mes potes, mais aussi pour l’inspiration. Je fais beaucoup de sessions studio là-bas, J’ai essayé Paris mais c’était trop d’informations, j’ai vraiment besoin de calme, alors je suis retourné à Rouen, j’y ai acheté ma maison et j’ai fait construire mon studio à l’intérieur. J’ai trouvé cette quiétude dont j’avais besoin. Mais ce que j’adore, c’est prendre les énergies des villes qui m’inspirent, et Los Angeles, c’est génial pour ça. C’est une ville de malade, elle colle parfaitement à ma musique, la culture de la musique électronique est ultra forte là-bas. Même quand j’ai envie de composer des choses qui s’éloignent de l’électro, je puise dans ce côté anglophone dans lequel j’ai baigné parce que j’ai toujours eu un petit faible pour la culture anglaise et Londres en particulier.

La discipline, tu l’as donc trouvée aussi à la salle de sport. Tu en parles souvent sur ton compte Insta, et on te surnomme maintenant “Gros Biscuit” dans les commentaires. 

C’est un peu drôle parce que cette image, c’est, malgré moi, la résultante de ce changement de mode de vie dont je parlais au début de l’interview. Au début, je postais juste des photos de moi, je faisais plus l’influenceur que le musicien, et c’est là que la blague Gros Biscuit a commencé. Quand j’ai commencé la musique, Petit Biscuit, ça collait bien avec mon personnage : j’étais un gamin qui sortait du lycée, qui était tout mince et qui faisait très innocent. Aujourd’hui, j’ai 24 ans et ça fait un contraste énorme entre ma nouvelle image et le nom qui ne colle plus trop – mais le décalage marche plutôt bien quand même !

Tu ne vas pas changer de nom, du coup ? 

Ahaha non, absolument pas ! 

En attendant les prochains concerts de Petit Biscuit en 2015, l’album Discipline est déjà disponible dans les bacs et en streaming ! 

 

Talent : Petit Biscuit
Journalist : Selena Amarat
Photographer : Francesco Bonasia
Stylist : Nicolas Dureau
Groom : Claudio Belizario @callmyagent using GLOSSIER
First Assistant : Théophile Parat
Stylist Assistant : Théo Saussard
Production : Malo Le Mer
Tous nos remerciements à l'hôtel Monsieur Aristide, situé au 3 Rue Aristide Bruant, 75018 Paris.
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