Pourquoi le mot “gros” fait-il encore peur aux marques de mode et aux institutions ?
Je veux dédramatiser le terme gros. Je ne vois pas pourquoi le terme gros devrait être péjoratif. Pour citer La Briochée dans Drag Race France : “On adore les gros chiens, les gros gâteaux, pourquoi gros et grosses ça devient péjoratif quand on parle des êtres humains ?”
Penses-tu que la perception des marques qui acceptent les grandes tailles dans la mode masculine s’est améliorée ces dernières années ?
Je n’observe pas de changement en particulier, je vois surtout quelques influenceurs gros qui fonctionnent sur les réseaux sociaux et ensuite des marques se les approprient pour se donner bonne conscience et faire de l’activisme performatif. Parce qu’au fond, il n’y a aucun changement, les pièces des campagnes digitales sont custom (faites sur mesure) et si l’on cherche sur leurs sites, neuf fois sur dix, on ne retrouvera pas notre taille. J’invite les designers de demain à se pencher sur le sujet et à le développer d’une autre manière car un jour, ça sera inévitable et les anciens designers seront en retard.
En tant que mannequin, as-tu fait l’expérience d’être exclu d’un processus de casting ou d’être négligé exclusivement en raison de ta morphologie ?
Je ne compte plus le nombre de marques et d’agences qui m’ont fermé leurs portes sans même prendre le temps d’écouter ce que j’avais à proposer. Il y a un cruel manque d’opportunités pour nous en termes de casting. En faisant le point avec d’autre modèles plus size masculins, nous nous sommes rendu compte que, par exemple, aucun de nous n’a été contacté pour un show cette saison et que les demandes sur les mood boards de marque ne mentionnent aucun homme plus size. Il y a aussi des situations gênantes comme quand nous arrivons sur un casting ou un shooting et qu’aucune pièce à notre taille n’est disponible.
Il m’est déjà arrivé d’être sur un set où je vois tout le monde avoir des pièces à sa taille et moi, je dois garder une partie de mes vêtements pour le casting et le fitting. C’est super humiliant parce qu’on nous rappelle constamment qu’aucun effort n’est fourni pour nous et qu’on n’a pas réellement le droit d’être là.