La trend archives : bonne ou mauvaise idée ?
Que ce soit pour marquer le coup sur le red carpet, montrer son érudition sur l’histoire de la mode ou afficher ses connexions avec les maisons de luxe, le port d’archives crée des débats.
Revenons à Kim Kardashian. Suite à son apparition au Met Gala dans la robe de Marilyn Monroe – featuring un régime drastique pour rentrer dedans –, le choix d’un musée privé de prêter cette archive a été critiqué. Cette réappropriation en met certain.es. mal à l’aise. Pour Dolce Cioffo, “on ne peut pas forcer un nouveau récit sur un objet”. Pareil pour Marie de Nina Gabbana Vintage, qui trouve “déplacé” d’utiliser une image qu’on a imposée à Marilyn tout au long de sa carrière. En plus, la robe, dont la valeur historique est immense, aurait été rendue dégradée !
Pour éviter d’abîmer des pièces historiques, les marques ont trouvé une solution : la réédition, quasi à l’identique. Le look Vivienne Westwood automne-hiver 1994 porté par Léna Situations au Festival de Cannes en est une. “Ces pièces sont stockées depuis vingt ou trente ans et ont été affectées par le temps”, justifie Dolce Cioffo. De plus, le look initialement porté par Naomi Campbell n’aurait pas fit, Léna Situations n’ayant pas la même morphologie. Ces rééditions permettent de préserver les pièces d’archives – particulièrement importantes pour la maison Vivienne Westwood –, de faire passer un message fort, de créer un sentiment de nostalgie et ainsi renforcer la stratégie marketing de la griffe.
Une solution intéressante, mais qui ouvre un autre débat : la tendance vintage serait-elle détournée par les marques pour recréer du neuf ? Pour éviter ce problème, Marie Laboucarié estime qu’il est essentiel d’“être transparent et de dire que c’est une réédition”.
Réédition ou pas, Alexandre Samson du Palais Galliera trouve cette tendance “rétrograde”. “Cette pratique est dommage pour la mode. Il y a plein de jeunes créateur.rice.s aujourd’hui, plein de maisons pertinentes. Je trouve ça dommage que les célébrités n’aient pas la curiosité et qu’elles manquent autant d’audace. Sous couvert de faire noble ou intellectuel, elles portent un vêtement de mode ancien. Ça dénote une sorte de conservatisme que j’aime moins. Je trouve ça triste de toujours se tourner vers le passé.”