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Mathilde Caillard danse pour le climat

La techno-activiste MC danse pour le climat t’introduit à la techno-manif comme nouvelle perspective de lutte pour le climat.

Tu l’as vu danser sur ton feed sous le cri de ralliement “Retraites, climat : même combat ! Pas de retraités sur une planète brûlée. Mathilde Caillard a galvanisé internet, sa génération et NYLON pour ses actions en mouvement, où se rencontrent la colère et la joie. La techno-activiste et militante à Alternatiba Paris, plus connue sous le nom de MC danse pour le climat, se fait d’abord connaître lors des manifestations contre la réforme des retraites. Depuis, elle incarne une nouvelle génération, donne un nouveau visage aux luttes écologistes – et perpétuant une tradition d’engagement social passant aussi par des symboles et rituels visuels forts. Rencontre.

Peux-tu résumer ton parcours?

J’ai eu mon bac en 2015, je voulais être historienne médiéviste, puis j’ai fait des sciences politiques, et je me suis engagée pour le climat dans des associations et notamment à Alternatiba à Paris. Depuis mars de cette année, j’ai participé aux marches contre la réforme des retraites avec Alternatiba Paris. On a fait ce qu’on appelle les techno-manifs et MC danse pour le climat est née, même si elle existait déjà un peu avant sur les réseaux, c’était déjà mon pseudo.

D’où t’est venue l’idée de danser pour militer ? 

En fait, j’ai juste rejoint une longue tradition dans l’histoire des mouvements sociaux. La danse a toujours été énormément utilisée pour faire passer des messages politiques, toucher un peu à l’émotionnel et sortir de nos cercles militant.e.s pour percer le plafond de verre. Je me suis surtout beaucoup inspirée de ce qui existe et de ce qui a existé. Une grosse inspiration pour moi sont les militantes chiliennes de Las Tesis, qui, en 2019, faisaient des grandes chorégraphies où elles faisaient masse avec une grande communauté de femmes, avec une chorégraphie qui a été reprise partout dans le monde.



 

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D’où vient le terme “techno-activisme” ?

C’est un terme qui a été choisi par les journalistes, on m’a nommé techno-activiste et je l’ai repris volontiers parce que je trouve ça cool. J’aime la techno, je suis activiste pour le climat, donc ça va très bien ensemble.

Comment as-tu réagi à la viralité de tes danses en manif’ ?

En fait, ce qui est le plus important, c’est que le message et les luttes que l’on porte sont massivement relayés. C’est super chouette d’avoir pu peser un peu dans la bataille culturelle avec cette danse. La viralité des danses qui ont été vues et revues sur les réseaux sociaux a permis, je pense, de beaucoup toucher les gens et de les ramener en manifestation. Moi, j’avais énormément de personnes qui venaient — à la fois en manif mais aussi en message privé — me dire que depuis qu’elles avaient vu les danses, ça leur avait donné envie de venir, et c’est une grande satisfaction pour moi. Mais ça a aussi charrié aussi beaucoup, beaucoup de critiques, ça a été assez difficile, notamment quand on est exposé individuellement et intimement à plein de gens, quand on est une femme, qu’on utilise son corps. Ça charrie aussi beaucoup de critiques sexistes. Ce qui m’a forcé à développer un discours politique sur le fait de danser en manifestation et de danser en général dans la lutte, chose que je faisais un peu plus naturellement au départ, sans forcément le conscientiser, l’intellectualiser. Les critiques étaient massivement de la part de mecs qui faisaient des commentaires sur mon physique, ou bien qui me disaient “va bosser ça sert à rien”, “c’est inutile ce que tu fais en fait”. C’était mon corps qui était principalement ciblé. C’était aussi la vision du corps inutile et dans une société capitaliste : dès qu’on fait quelque chose qui s’extrait un peu du rapport de la production de richesse, on devient inutile, on devient inintéressant, moins important.

Pourquoi selon toi, danser peut transmettre des idées sociales?

Souvent, dans les mouvements sociaux, on peut avoir des réflexes un peu rébarbatifs, des méthodes vues et revues. C’est important d’utiliser la pop culture, et plein d’éléments joyeux, pour aller voir les personnes qui ne sont pas nécessairement politiques en s’adressant à elleux avec des choses qui les touchent. Avec l’art et la culture, on touche à l’émotionnel. On est plus juste sur le plan rationnel, intellectuel. C’est pas parce qu’on danse qu’on n’est pas intelligent et qu’on peut pas aussi sortir un discours politique. On peut faire les deux. Mais néanmoins ça peut permettre de sortir de nos salles, de toucher des nouvelles personnes par des nouveaux modes d’action aussi. Et il y a plein de personnes qui peuvent se reconnaître dans ces modes d’action et qui ne se reconnaîtraient pas dans les méthodes plus traditionnelles.

 

Quelle place ont eu la danse et la musique dans ton parcours d’activiste avant MC danse pour le climat ? 

C’est de mon parcours familial, puisque je viens d’une famille où il y a beaucoup de musicien.ne.s, instrumentistes ou chanteur.euse.s. Mon grand-père était d’ailleurs chef de chœur. J’ai toujours beaucoup chanté, dansé dans ma vie perso et ensuite dans l’activisme. 

Et la danse et la musique, concrètement, dans mon activité, ça veut dire quoi? Ça veut dire faire tenir les personnes qui sont dans notre cortège toute la journée qui marchent pendant cinq heures, ça veut dire réfléchir à quelle musique on va passer, comment on va organiser cortège pour qu’il y aie des animations, pour qu’on ait des slogans hyper politiques, pour que les personnes qui soient venues à la fois passent un bon moment et aussi elles se politisent tout au long de la marche, ça c’était réfléchir. 



 

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Quelles nouvelles pour la rentrée?

On a fait deux nouveaux sons qu’on a enregistrés en studio, donc ça va sortir à la rentrée, à la fête de l’Huma aussi, on va avoir un son alternative à Paris et on va faire une performance avec Planète Boum Boum. Et sinon, mon rêve, c’est de danser et de faire un set techno pendant des actions un peu plus en confrontation. J’aimerais un set en fait directement sur le lieu de blocage et montrer qu’on est en train aussi de recréer le monde qu’on veut voir advenir, qui est un monde chouette, qui est un monde cool, qui est un monde désirable, où on peut respirer un air sain et pas s’empoisonner en mangeant, où tout le monde est à la place qu’iel souhaite et l’identité qu’iel souhaite. Un monde où on se sent bien, qu’on n’est pas en train de détruire.



 

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