Peux-tu te présenter aux lectrices et lecteurs de NYLON qui te découvrent en quelques mots ?
C’est tellement dur cette question ! J’ai 26 ans, je vis un peu à droite à gauche entre New York et Paris et plus récemment Tokyo aussi où je retourne souvent depuis un an. Je ne pourrais pas te dire exactement ce que je fais dans la vie parce que chaque jour est tellement différent. Parfois je suis mannequin, parfois je crée, et la plupart du temps je me sens perdue comme tout le monde je pense.
En tant qu’artiste, mannequin et actrice, comment parviens-tu à équilibrer ces différentes facettes de ta personnalité et de ta carrière ? Trouves-tu qu’elles s’influencent et se nourrissent mutuellement ?
C’est un vrai challenge… mais c’est pour ça que c’est très excitant ! Pour moi, ça ne fait aucun doute : toutes ces choses se nourrissent mutuellement. Être mannequin m’a en quelque sorte immunisée, sur plein de plans : il faut souvent se détacher complètement de qui nous sommes. Mon rapport à mon image a été complètement bouleversé aussi, et aujourd’hui, si je veux me concentrer plus sur l’acting, par exemple, ce détachement est un outil que j’utilise énormément. C’est aussi effrayant, pour être honnête, de se rendre compte à quel point ce job a eu un impact si fort sur moi ces dernières années. Pour ce qui est de l’art, j’ai un rapport très autobiographique dans mes collages personnels. De la même manière que dans l’acting, j’y vois un moyen de me réapproprier mon image. Je dirais même que c’est une thérapie.
Peux-tu décrire ton processus créatif lorsque tu travailles sur tes peintures et collages ? Où trouves-tu généralement ton inspiration ?
Le manque d’inspiration a été l’élément déclencheur pour mes collages ! Pendant mes études, j’utilisais le collage pour trouver l’inspiration pour tout et n’importe quoi : peinture, composition, céramique. Je trouvais n’importe quel magazine ou chute que j’avais sous la main et je les collais ensemble. Le but n’était pas le collage en lui-même, c’était ce qu’il m’inspirait dans la composition, les formes, les couleurs, et ainsi de suite. Il y a une grande part d’incertitude et de hasard dans le collage, qui t’emmène toujours plus loin que prévu. Et je trouvais toujours une idée nouvelle sur laquelle avancer, que ce soit pour mes écrits, mes peintures ou ma sculpture. La création vient vraiment du geste pour moi. C’est le geste qui m’emmène là où je veux.
En tant que mannequin, comment la mode influence-t-elle ton travail artistique ? Y a-t-il des designers ou des styles spécifiques qui inspirent tes œuvres ?
Je dirais que c’est plutôt mon rapport au corps qui m’inspire dans mon art à travers ce métier, que les vêtements que je porte. Si je devais choisir ce qui m’a impactée le plus dans la mode ces dernières années, c’est toute cette vague “d’up-cycling”. Au-delà d’être un mouvement que je respecte et que je trouve nécessaire, c’est comme ça que je vis la mode depuis longtemps : je chine énormément, je répare aussi beaucoup mes vêtements et mes chaussures. Je les customise aussi parfois — et je ne jette pas facilement. La seconde main, pour moi, c’est un peu ma bible. Et à travers mon art, ça se traduit aussi par l’utilisation de médiums déjà existants que je transforme et que j’assemble, surtout à travers mes collages.