Louis Vuitton : l’uniforme qui ne l’est pas
Baigneuse ou working girl, chez LV, les structures et leurs réécritures parlent du plaisir dans l’utile.
Baigneuse ou working girl, chez LV, les structures et leurs réécritures parlent du plaisir dans l’utile.
Chez Louis Vuitton, c’est dans un décor conçu par l’artiste James Chinlund que s’est déroulé le show. Pensé comme le ventre d’une montgolfière mandarine, il plongeait Pharrell Williams, Cate Blanchett et Jaden Smith dans un printemps couleur vitamine C.
Comme souvent dans le travail du directeur artistique Nicolas Ghesquière – et tout au long de cette Fashion Week, comme je t’en parlais –, la question de l’utilitaire dans le voyage était centrale, avec les mouvements et les structures qu’on y importe.
Ce qui m’intéresse dans l’uniforme, ici central, est sa dimension simultanément fonctionnelle et symbolique, ainsi que la dialectique entre les deux. Et finalement la vie qui se tissera entre ces maillages.
Voir cette publication sur Instagram
Qu’est-ce que ça donnera en été 2024 ?
Des vestes de survêtements saccadées par des ceintures coulissantes monogrammées et des jupons souples, entre organique et architectural.
Des cabans écoliers revus en soie iridescente et gros boutons, assortis de collants blancs, comme un Pierrot la Lune des beaux quartiers.
Des chemises à col peignoir aux épaules marquées avec des boutons baroques (‘n roll) et des bombers oversized – working girl or old money ?
Des chapeaux de baigneuse des années 20, des casquettes de mousse, des armatures de sacs en cordage marin : les voiles et leurs vagues.
Une besace de photographe, une minaudière appareil photo, comme mise en abyme de souvenirs en devenir.
Voir cette publication sur Instagram
Tout ça, et puis du vinyle scintillant au soleil, entre bondage et or des fous – title of my biography.
Et soudain, une fuite : voilà qu’un volant en chiffon s’échappe d’une jupe crayon. Que des bretelles en cuir tentent de contenir des drapés Empire. L’été te tiendra tête !
Comme un fil d’Ariane à travers la collection, les rayures superposées, silhouette après silhouette, jouent sur une dissonance esthétique et historique. L’historien Michel Pastoureau raconte ces mutations dans l’histoire du motif, d’un usage transgressif médiéval vers un symbole d’ordre moderne. Cette juxtaposition entre époques et écoles rappelle surtout que dans la mode, c’est le faux pas qui fait le geste.
Un été en casquette à galons dorés, en capote à boutons dorés. Comme sur Zendaya au premier rang ou dans une enfance qui s’est fait la malle. Monogrammée.
Voir cette publication sur Instagram