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LE HARAJUKU, L’ESTHÉTIQUE JAPONAISE MAXIMALISTE, REVIENT EN FORCE !

Cette sous-culture kitsch a toujours été insolite et tape-à-l'œil. Après plusieurs années, la tendance inspirée du streetwear connaît un nouvel essor.

Qu’il s’agisse d’une tendance de mode sur TikTok ou d’un nouveau style qui s’empare d’Instagram, les “-core” esthétiques sur Internet évoluent sans cesse. Pour t’en dire plus sur la dernière esthétique en date, NYLON décortique le style Harajuku que tu commences à voir partout sur les réseaux sociaux et met en lumière les personnes et les marques qui le véhiculent le mieux. 

Des tenues scandaleuses, presque choquantes, des accessoires kitsch et des coiffures plus grandes que nature, tels sont les fondements du style Harajuku. Jusque-là, rien de nouveau car les célébrités ont déjà adopté ce look par le passé : Nicki Minaj a été pendant longtemps perçue comme la reine du rap version Harajuku Barbie ; la chanson « Hello Kitty » d’Avril Lavigne en 2013 a été inspirée par ce phénomène de mode ; et l’une des era les plus critiquées de Gwen Stefani a été marquée par les excentricités de cette esthétique japonaise, depuis sa chanson « Harajuku Girls » jusqu’à sa collection de parfums qui l’a suivie. En 2023, le Harajuku est de nouveau sur le devant de la scène, et cette fois-ci, il inspire une nouvelle génération de passionné.e.s de mode à sortir du carcan des micro-tendances.

 

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L’histoire de Harajuku est longue. Elle a commencé dans le quartier éponyme, au cœur du Shibuya à Tokyo, dans les années 1970. Le quartier est célèbre pour sa riche histoire culturelle et sa réputation comme centre de la mode alternative au Japon, et par conséquent, on pouvait y trouver des rues jalonnées de petites boutiques qui défiaient les normes de la mode. Finalement, les teintes de barbe à papa et les robes extravagantes qui ornaient autrefois la devanture de nombreuses boutiques indépendantes sont désormais considérées comme synonymes du Japon des stars, à commencer par la chanteuse pop Kyary Pamyu Pamyu, qui a acquis une renommée internationale grâce à son esthétique Harajuku et à sa musique entraînante. Des années plus tard, le phénomène prospère sur TikTok, où le hashtag #harajuku a été consulté plus d’un milliard de fois.

 

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Mais l’esthétique Harajuku ne se limite pas à un look spécifique. Les styles peuvent aller du simple et désinvolte à l’extrême et sont souvent interchangeables avec des tendances voisines comme le kawaii, le lolita et le decora. La mode Harajuku est souvent associée aux cosplayers, bien que l’on n’ait pas besoin d’être un fan d’anime ou de manga pour l’apprécier ou y participer. « La mode Harajuku est un terme générique qui recouvre de nombreux styles, des plus sombres et élégants aux plus fous et colorés. Il n’y a pas une seule façon ‘correcte’ d’être Harajuku », explique Jasmine Rose, fondatrice du Harajuku Day à Los Angeles. « Chaque style qui relève de cette appellation te met au défi d’être authentiquement toi-même, même si cela signifie porter sept couches de vêtements avec dix motifs différents, avec en guise de collier ton jouet favori des années 90. »

Selon Ketevani, créateur de contenu basé à Brooklyn et mieux connu sous le nom de @keto.pataraia, ce qui lui vient d’abord à l’esprit, c’est l’esthétique et les sous-cultures japonaises. Pourtant, à ce jour, « les gens associent également le style Harajuku, en particulier sur TikTok, à celui du magazine FRUiTS et à la mode maximaliste ». Habituellement, les tendances principales sont différenciées des sous-genres apparentés, mais le Harajuku les englobe toutes et s’inspire de la culture pop orientale et occidentale. Kawaii se traduit par « mignon » [en japonais] et n’est pas techniquement un sous-genre », précise Rose. « Mais tout comme d’autres styles alternatifs — le gothique et le punk, par exemple — qui présentent des variations esthétiques infinies, les gens veulent essayer des styles nouveaux et différents sans s’engager dans un look spécifique. » Ce qui rend le Harajuku tant convoité, c’est sa capacité à remettre en cause le statu quo à une époque où ceux qui osent canaliser l’enfant qui sommeille en eux à l’approche de l’âge adulte se heurtent souvent à des réactions négatives. Mais le Harajuku a toujours été — et sera toujours — enraciné dans une démarche de provocation.

 

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Même au milieu des années 2010, Ketevani affirme que la viralité du phénomène Harajuku est un véritable facteur de choc, en particulier pour les Américains. Selon elle, les débats autour du choix d’un style personnel aujourd’hui amènent les gens à explorer leur identité en matière de mode et à s’identifier plus que jamais à l’esthétique Harajuku. « Beaucoup de gens s’y reconnaissent car il s’agit d’une forme d’expression personnelle qui puise dans de nombreuses sources différentes, des vêtements japonais traditionnels à l’Americana en passant par le punk britannique et le streetwear. Le style Harajuku combine différentes esthétiques d’une manière inattendue et unique ». Shiochi Aoki, fondateur et photographe du magazine FRUiTS, explique à NYLON qu’il n’avait aucune idée de l’impact de sa photographie sur ce style. Au départ, Aoki cherchait à photographier, collectionner et médiatiser la « street fashion » en découvrant en 1986 le magazine STREET, désormais dissout, qui couvrait principalement la mode des rues de Londres et de Paris. Ce n’est qu’en 1996 qu’il s’est rendu compte qu’un style entièrement nouveau était né dans les rues de Harajuku, persuadé alors qu’il s’agissait d’une révolution de mode au Japon.

 

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« Curieusement, je suis le seul à l’avoir remarqué. Jusqu’à ce que je lance FRUiTS, personne n’y prêtait attention. D’autres magazines de mode ont commencé à couvrir la mode des rues de Harajuku environ un an après le lancement de FRUiTS, lorsqu’ils se sont aperçus que cela se vendait bien », explique-t-il. Jusqu’en 1996, ajoute Aoki, la mode japonaise a été dominée par le boom stylistique suscité par Comme des Garçons et Yohji Yamamoto pendant une quinzaine d’années. Après le lancement de FRUiTS, la mode à Harajuku a radicalement changé. Il note qu’aujourd’hui, le rythme s’est ralenti, passant par des phases successives de nouveaux styles tous les deux ou trois ans. « L’enthousiasme des débuts ne s’est pas remanifesté depuis », explique-t-il. Aoki estime que, de son point de vue, le style Harajuku correspond davantage à une aspiration qu’à une réalité — le quartier qui porte son nom prospère désormais comme une destination touristique de la mode qui ressemble toutefois beaucoup à un parc d’attractions. « Beaucoup de boutiques intéressantes ont dû fermer leurs portes à cause de la pandémie. En ce qui concerne la mode pour les jeunes au Japon, [je pense que ce déclin] est plutôt une prédiction pour l’avenir », déclare-t-il.

Même si l’apogée de la mode débridée de Harajuku est peut-être derrière nous, il y aura toujours des passionné.e.s qui perpétueront l’esprit qui anime ce style. Aliyah Bah et son très convoité Aliyahcore, le dollcore et la tendance des weird girls constituent des manières de revendiquer l’individualité au milieu de la vague de tendances temporaires qui se succèdent. Au-delà des modes, le Harajuku s’est consolidé comme une sous-culture qui continue à vivre, quels que soient ses hauts et ses bas. Kisa, fondatrice de la marque de lifestyle Strawberry Western, explique qu’à l’instar des racines de la culture Harajuku, les gens cherchent à nouveau à sortir du moule, en utilisant les vêtements et les réseaux sociaux comme moyens de se réinventer eux-mêmes. Face à l’infinité de styles possibles, elle note qu’il n’est plus nécessaire qu’une tendance spécifique définisse le style personnel de chacun.

« L’époque où les gens n’avaient qu’une seule expression de leur propre style ou devaient se conformer à un certain type de look dans un certain type d’environnement est révolue », dit-elle. « Chacun possède de multiples centres d’intérêts et envies, et depuis quelques années, nous assistons à une véritable renaissance plurielle du style : les gens sont fiers de leurs goûts et de leur diversité. » Tout ce qui compte donc aujourd’hui, c’est la philosophie qui consiste à mélanger différents styles, époques et goûts vestimentaires ; le Harajuku, ainsi que d’autres styles, reflète cela « ainsi qu’une certaine rébellion par rapport à la norme ».

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