Julien De Saint Jean : La vengeance lui va si bien
De ses débuts à l’ESAD à son rôle marquant dans Le Comte de Monte-Cristo, Julien De Saint Jean a parcouru un chemin impressionnant. Dans cette interview, il revient sur ses années de formation..
De ses débuts à l’ESAD à son rôle marquant dans Le Comte de Monte-Cristo, Julien De Saint Jean a parcouru un chemin impressionnant. Dans cette interview, il revient sur ses années de formation..
De ses débuts à l’ESAD à son rôle marquant dans Le Comte de Monte-Cristo, Julien De Saint Jean a parcouru un chemin impressionnant. Dans cette interview, il revient sur ses années de formation, les défis rencontrés et comment ses études ont façonné sa carrière d’acteur. Un regard fascinant sur la montée en puissance d’un talent qui, à peine sorti de l’école, séduit déjà les plus grands noms du cinéma.
Qu’est-ce que ça fait d’être sélectionné par NYLON France comme IT BOY du mois ?
C’est super excitant ! Je ne sais pas si je suis vraiment un IT BOY, je ne suis même pas sûr de ce que ça veut dire. C’est sympa parce que le Comte de Monte-Cristo est sorti il y a deux mois et a déjà dépassé les 7 millions d’entrées, et cela donne un coup de projecteur sur mon travail et c’est une période joyeuse.
Pour toi, qu’est-ce que ça veut dire être un IT BOY ?
C’est drôle parce que je me posais justement la question avant ton arrivée. La maquilleuse a dit : « C’est ce que l’imaginaire des gens projette sur toi sans que tu en sois forcément conscient. » En ce moment, il y a des gens qui me reconnaissent dans la rue, mais je sais que c’est éphémère, ce qui est aussi très bien. C’est plaisant, mais il faut aussi garder les pieds sur terre.
Dirais-tu que tu tiens à ton anonymat malgré tout ?
Oui, c’est important d’avoir son jardin secret. Il faut être authentique, que ce soit en interview ou dans la façon dont on se présente aux gens. C’est ce que les gens recherchent, je crois. Quand je regarde une interview, j’aime bien sentir une proximité avec la personne. Évidemment, on ne va pas tout dévoiler, mais il est important d’être sincère.
Par exemple, qui est ton IT BOY à toi ?
Qui m’inspire ? J’allais dire mon père, mais ce n’est pas vraiment un IT BOY…
Ton père peut très bien être ton IT BOY. Ce n’est pas parce qu’il n’a jamais posé dans un magazine qu’il ne peut pas être inspirant.
C’est vrai. Pour moi, c’est un IT BOY parce qu’il m’inspire. Ça lui fera plaisir que je parle de lui, car je mentionne souvent ma mère en interview, mais rarement lui. Pourtant, il m’a toujours soutenu, même quand je faisais des choses qu’il ne comprenait pas. Par exemple, il aurait préféré que je reprenne l’entreprise familiale, mais il a compris que c’est le cinéma qui me rendrait heureux. Et maintenant, il est à fond derrière moi. Chaque jour, il me demande les statistiques de la sortie de Le Comte de Monte-Cristo, et ça me touche.
Comment c’était de se lancer dans le métier d’acteur ? Est-ce que c’est quelque chose que tu as toujours voulu faire ?
Complètement. Ma mère m’a inscrit au théâtre quand j’étais tout petit, et ça a toujours été mon désir. Dès qu’il y avait un petit casting, que ce soit pour France 3 ou au collège, j’étais toujours partant. J’ai toujours rêvé de Paris, tout m’y semblait possible, culturellement et artistiquement. J’y suis arrivé il y a plus de quatre ans pour rejoindre l’ESAD (École supérieure d’art dramatique de Paris). Je me suis dit que c’était le moment d’essayer de trouver un agent, de démarcher, de faire des photos. J’ai eu la chance de décrocher un casting trouvé sur Internet pour un unitaire France 2. Ma mère m’a donné la réplique pour la scène à envoyer pour le premier tour de casting, j’ai été pris, et tout s’est enchaîné. J’ai eu trois autres rôles la même année. J’ai dû attendre un an et demi entre mon dernier film et Le Comte de Monte-Cristo, donc il y a eu un moment de pause. Le Comte de Monte-Cristo est arrivé comme une bénédiction. L’un des réalisateurs avait vu la bande-annonce d’Arrête avec tes mensonges d’Olivier Peyon dans lequel je joue, et ils ont pensé que je pourrais faire un bon André. Un mois plus tard, je passais les essais avec Pierre Niney, et le lendemain, ils m’ont appelé pour me dire : “Désolé Julien, on va devoir te gâcher tes vacances d’été.” J’ai crié de joie : “On va faire un super film !”
Comment c’était de partager l’écran avec Pierre Niney ?
C’était très intimidant, surtout quand on considère tout le casting : Laurent Lafitte et d’autres pointures du cinéma français ; beaucoup de ces personnes m’ont fait rêver quand j’étais plus jeune. Finalement, tout le monde était tellement gentil, des équipes techniques aux acteurs. Pierre, par exemple, est quelqu’un qui aime vraiment jouer. Au début, je pensais qu’il ne me remarquerait même pas, mais il a été très inclusif et bienveillant. On a un groupe WhatsApp avec toute l’équipe du film, et même 2 mois après la sortie, on continue à s’envoyer des messages quasiment tous les jours.
Comment t’es-tu préparé pour ce rôle ?
J’ai commencé par lire une partie du premier tome. Mon personnage arrive plus tard donc à deux mois du tournage, je voulais être bien préparé. On m’a conseillé de ne pas trop coller à l’œuvre originale car c’est une adaptation et mon personnage est différent entre le roman et le scénario. Il fallait aussi s’immerger dans le français du 19ème siècle de Dumas, j’ai donc regardé beaucoup de films. Ce que j’aime dans ce rôle, c’est que mon personnage ment, manipule en se faisant passer pour un prince italien. Ce rôle a plusieurs dimensions parce qu’il a une colère, des failles en lui à cause des drames qu’il a vécus et que Le Comte de Monte-Cristo utilise pour nourrir son désir de vengeance.
Ton rôle préféré dans le film ?
Je dois avouer que j’adore Laurent Lafitte, qui joue le rôle de mon père. Désolé pour le spoiler ! Il est très drôle. Patrick Mille aussi, dans le rôle du Baron Danglars, obsédé par l’argent et lui-même, il a les punchlines les plus drôles du film. Anamaria Vartolomei (Haydée) a aussi un magnétisme fou, elle a inventé un accent pour le rôle, et je pense qu’on va beaucoup la voir dans les prochaines années.
Comment maintiens-tu un tel sérieux à l’écran, surtout pour les scènes très solennelles ?
Pierre et Laurent sont très drôles et font souvent des blagues. Moi, qui suis très bon public, j’avais du mal à garder mon sérieux, surtout quand ils lâchaient une blague juste avant le « Action! ». Eux peuvent passer du rire au sérieux en un clin d’œil, mais pour moi, ça demande un peu plus de concentration. Une fois, ils ont fait une blague juste avant une scène et je n’ai pas pu m’empêcher de trembler de rire. Dans les films que j’ai fais récemment, je joue souvent des personnages dramatiques ou en colère, alors que dans la vie, je suis plutôt doux et joyeux. C’est drôle de voir comment on peut être projeté dans des rôles très différents de ce que l’on est. C’est aussi la richesse du cinéma : jouer des rôles totalement opposés à soi.
Est-ce qu’il t’arrive de te perdre dans ton rôle à l’écran, de te laisser emporter par le moment ?
Il y a des moments où tu te laisses vraiment aller, où tu es moins dans le contrôle, et c’est là que tu te surpasses. Je me souviens d’une actrice qui m’a désarmé avec un simple regard. Tu te demandes “Est-ce qu’on joue ou pas ?” Ces moments de flou sont souvent les plus beaux.
Comment s’est passée la scène du tribunal ?
J’étais très stressé. Lors de la répétition générale, tu donnes tout ce que tu as travaillé avec acharnement, puis viennent les réactions du public. Ce sont des films très fragmentés : on peut passer deux heures sur un plan, ce qui peut sembler long. Il y a une urgence, une pression constante sur le plateau, avec tous les acteurs, une centaine de figurants, et soixante membres de l’équipe. Malgré tout cela, il faut donner le meilleur de soi-même.
C’est un peu ton premier public finalement…
Exactement. En comédie, on dit que si tu fais rire l’équipe de tournage, tu es sur la bonne voie. Je n’ai jamais fait de comédie, mais un jour, qui sait ?
La chanson que t’écoutes le plus?
Alors je réécoute en ce moment Septembre de La Femme vu que c’est bientôt la rentrée. Sinon j’ai découvert récemment Feel Good de Charlotte Cardin. Elle est canadienne, elle a fait The Voice. Je l’ai enfin Shazam en soirée et depuis je l’écoute un peu tous les matins.
Qu’est ce qui te plait le plus dans le métier d’acteur?
C’est qu’on change beaucoup d’un rôle à l’autre. D’esthétique, d’équipe et de façons de travailler. Tu changes d’univers et t’apprends plein de choses, j’avais appris à faire de la métallurgie, de la moto, à peindre. Ça te nourrit, on dit qu’on vit milles vies quand on est acteur c’est un peu cliché mais c’est vrai.
T’es sur Paris depuis combien de temps, tu l’as bien vécu?
J’étais un peu malheureux au début j’avoue, c’est tellement une grande ville et j’étais dans une école ou on avait peut être 35h de cours par semaine. Il y avait beaucoup d’élève qui avait toujours vécu à Paris, et eux allaient voir la famille ou leur pote la semaine. J’avoue que j’attendais un peu trop mes week-end pour voir mes amis. Puis il y a eu le confinement, quand j’ai réussi à me faire des potes ailleurs que dans le cinéma ou le théâtre j’étais beaucoup plus épanoui. Il m’a fallu trouver ma famille amicale.
Comment as-tu trouvé cette famille ?
Quand je suis entré à la Classe Libre du Cours Florent, la seule classe gratuite sur concours, j’ai rejoint une promo de vingt élèves avec qui j’ai passé deux années intenses. On s’est rapidement attachés les uns aux autres, autant sur le plan amical que professionnel. D’ailleurs, l’un de mes premiers amis à se marier faisait partie de cette promo. Le mariage a eu lieu en Grèce, et c’était une évidence pour nous tous de nous retrouver là-bas pour célébrer ensemble.
Ça a été une source d’inspiration pour toi?
Bien sûr, être comédien c’est souvent très “solitaire”, et avoir des gens avec qui tu fais “corps” c’est important, qui t’inspire autour de toi et qui te poussent à aller de l’avant. Et j’ai trop envie de retravailler avec eux. Que ce soit du théâtre, ou du cinéma, je n’ai pas l’illusion qu’on fasse tous ce métier pendant quinze ou vingt ans mais savoir que l’on va tous rester soudés c’est trop bien. Ça reste un peu utopique mais ça rassure.
C’est un métier qui s’apprend par les pairs en quelque sorte..
Oui, il y a toujours un moment qui te bouleverse, qui te déplace. Même en cours de théâtre, parfois on se foire, on rigole, on pleure, forcément on est vingt avec chacun une forte personnalité. On vit en communauté pendant deux ans, c’est énorme mais c’est un peu comme la vie, c’est une banalité mais c’est vrai.
Ça t’as permis de dépasser ta peur de l’échec?
C’est aussi le propre du métier et du jeu que de se foirer. L’important c’est de savoir comment on apprend de ça, comment on fait mieux. Très souvent la solution c’est de travailler. Et à chaque tournage, tu apprends une nouvelle façon de travailler, par exemple Pierre Niney et Laurent Lafitte ont des façons très différentes d’aborder un personnage et ce sont tous les deux de très grands acteurs.