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The Ace Club : quand le tennis devient lifestyle

Hirmane Abdoulhakime ouvre la voie à un tennis qui se vit bien au-delà du court​. Rencontre.

Qu’on le veuille ou non, l’esthétique « tennis core » a indéniablement dominé l’été dernier, notamment grâce aux looks sporty de Zendaya dans Challengers. Une tendance amplifiée par l’effervescence des tournois de Roland-Garros et Wimbledon, où le tennis s’est imposé autant sur le court que dans nos vestiaires. Et si le tennis n’était plus seulement une question de performance sportive, mais de style de vie ? C’est exactement ce que Hirmane Abdoulhakime a réalisé en créant The Ace Club. Inspiré par son enfance passée dans un tennis club aux Comores, il a su donner une nouvelle impulsion à l’esprit collectif autour de ce sport traditionnellement solitaire. En s’inspirant de créatifs influents comme Virgil Abloh et Pedro Winter, il a fait d’Ace Club un point de convergence unique où mode, musique et tennis se rencontrent. Des collaborations avec Lacoste aux événements iconiques à travers le monde, Hirmane bâtit un lifestyle autour du tennis, dépassant largement le cadre sportif pour créer une véritable communauté qui ne cesse de grandir.

Quelle a été ta principale source d’inspiration pour créer The Ace Club et quel a été le moment décisif qui t’a poussé à lancer ta propre marque ?

J’ai grandi aux Comores, et l’endroit où mes parents me laissaient aller traîner sans inquiétude, c’était le clubhouse du tennis club de Moroni. Même si je ne jouais pas toujours, c’était un lieu de rassemblement pour rigoler avec mes amis. Pour moi, le tennis est un sport à vivre en groupe, même s’il est individuel. C’est cette notion de collectif qui m’a inspiré quand j’ai lancé The Ace Club. À l’époque, je travaillais dans la musique, entouré de collectifs créatifs comme Virgil Abloh avec #BeenTrill puis Off-White ou Pedro Winter avec Ed Banger. J’aime les collectifs et j’avais envie de raconter le tennis comme un sport collectif, en mettant en avant son esthétique, pas seulement la performance.

The Ace Club est né de l’envie de célébrer le tennis comme un style de vie, avec ses codes esthétiques qui vont du court au clubhouse. À l’époque, il y avait très peu de médias ou d’initiatives qui parlaient du tennis sous cet angle, et cela a permis à Ace Club d’émerger rapidement.

Comment as-tu vu évoluer la communauté de The Ace Club depuis sa création ? Quelles sont les étapes clés de cette évolution ?

Ce qui m’a surpris, c’est que les joueurs de tennis étaient à l’époque assez isolés. Quand The Ace Club a commencé à être visible, c’était un ralliement. Les gens étaient contents de trouver un espace pour parler du tennis autrement que via les résultats des matchs, en mettant en avant son esthétique et les joueurs portants des chaînes en or.

Une étape clé a été la création de t-shirts et hoodies, qui ont permis à la communauté de se reconnaître et de montrer leur appartenance au crew. Le merchandising a vraiment été un tournant, car il n’y avait pas de signe extérieur d’appartenance pour les amateurs de tennis avant cela, contrairement à d’autres sports comme le basket ou le football.

Quels types d’événements The Ace Club organise-t-il pour ses membres et comment ces événements enrichissent-ils l’expérience de la communauté ?

Nous organisons différents types d’événements, des clinics de tennis où les membres peuvent jouer, peu importe leur niveau, jusqu’à des visionnages de matchs dans des lieux iconiques comme le Shangri-La Paris ou l’Hôtel Hoxton. Nous avons aussi une dimension musicale, avec des after-parties pour se retrouver et célébrer ensemble.

Ces événements permettent de rassembler des profils très différents, unis par les valeurs du tennis et l’amour du revers à une main. Cela renforce notre esprit de groupe et permet à chacun de progresser, tant sur le plan sportif que personnel.

Parle-nous de ta collaboration avec Lacoste. Comment est-elle née et quelles sont les valeurs partagées par vos deux marques ?

Lacoste nous a repérés rapidement et nous avons collaboré dès la première année de leur partenariat avec Roland-Garros. Nous avons organisé des événements qui ont montré que la communauté de The Ace Club était internationale et diverse, avec des personnes venues de New York, Miami, Los Angeles, Dubaï, etc. Cela a permis de casser l’image élitiste du tennis, en montrant que des profils très différents s’y intéressent, des rock stars aux rappeurs.

Lacoste est une marque profondément liée au tennis, et notre vision lifestyle s’accorde bien avec la leur, qui est à la fois mode et sport. Nous avons aussi contribué à leur apporter des profils de créateurs avec lesquels ils ont ensuite collaboré.

Quel a été le processus de conception de la collection capsule avec Lacoste et quelles ont été les principales influences stylistiques ?

L’an dernier, Lacoste a fêté ses 90 ans et m’a demandé de curater toute la partie tennis. J’ai eu accès à leurs archives, ce qui a été incroyable. Pour Roland-Garros, nous avons décidé de sortir une collection capsule inspirée de ces archives, notamment une tenue de Roland-Garros 91, avec des détails comme les patchs brodés des sponsors et le coton piqué des polos. Nous avons modernisé ces pièces tout en gardant cet aspect rétro, avec des cardigans, des joggings et des casquettes.

C’était fou de voir des joueurs comme Novak Djokovic et Daniil Medvedev les porter, ainsi que des artistes comme Pusha T ! Nous avons réussi à créer quelque chose qui fusionne le style classique du tennis avec un côté contemporain, inspiré par des créateurs comme Tyler The Creator. Et j’ai aussi eu le grand privilège d’inaugurer des terrains de tennis dans le Bronx aux côtés de Venus Williams avec Lacoste. 

Peux-tu nous parler d’autres collaborations dont tu es particulièrement fier ? 

Au cours de ces dernières années, j’ai eu la chance de collaborer sur des projets variés et inspirants. The Ace Club a uni ses forces avec On Running. J’ai également participé à la direction artistique du shooting pour la révélation de la robe de Serena Williams conçue par Virgil Abloh pour Roland-Garros, avec un casting de jeunes sportives inspirées par Serena. Merci à Virgil pour son soutien précieux. The Ace Club a aussi collaboré avec Ed Banger sur un drop qui a été accompagné d’un shooting signé Karl Hab. 

Comment The Ace Club contribue-t-il à la culture tennis et comment veux-tu influencer cette culture dans les années à venir ?

Notre objectif est de montrer que le tennis est fun, beau, et pas uniquement axé sur la performance. Nous avons organisé un événement avec On Running, où des amateurs et des pros, comme entre autre Iga Świątek et Courtney Cox, ont joué ensemble, dans une ambiance détendue. Cela montre que le tennis est un sport qui peut rassembler des gens très différents autour de valeurs communes.

Nous voulons casser l’image élitiste du tennis et ouvrir ce sport à un public plus large, comme cela a été fait avec le basket ou le football. Le tennis a besoin d’être davantage intégré à la culture populaire pour continuer à grandir.

Nous souhaitons structurer davantage le club et organiser plus d’événements pour permettre aux membres de se rencontrer. Nous avons des groupes WhatsApp par ville – New York, Dubaï, Miami, etc. – où les membres peuvent se connecter. À terme, nous aimerions explorer des projets dans l’hospitalité, pourquoi pas un hôtel Ace Club, et développer davantage notre merchandising, non pas comme une marque, mais comme des signes de reconnaissance pour nos membres.

Et finalement, quels ont été les plus grands défis que tu as rencontrés en développant The Ace Club et quelles leçons en as-tu tirées ?

Au début, je me suis dit que le tennis était un milieu restreint, mais j’ai été surpris par la bienveillance et le soutien des gens qui partagent ces valeurs. Beaucoup de personnes m’ont aidé, comme des marques ou des figures du tennis, ce qui nous a permis de progresser.

La leçon que j’en tire, c’est qu’il ne faut pas sous-estimer la passion pour le tennis ! Le défi maintenant est de structurer davantage le club pour pouvoir organiser des événements encore plus grands et continuer à pousser cette culture tennis vers de nouveaux horizons.

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