Troisièmement, j’avais en tête ce conte de fées selon lequel il serait facile de se faire des ami.e.s à Paris. Le stéréotype mondial dit que les Parisien.ne.s ne sont pas les plus sympas, mais là, j’avais décidé de ne pas croire aux stéréotypes. Ma première expérience à Paris en tant que touriste avait été très positive et je n’avais que de bons souvenirs de mes interactions avec les habitants. Néanmoins, j’ai vite appris que c’était probablement parce que 1) je ne comprenais pas un mot de français et je n’avais donc probablement aucune idée de ce qui se passait réellement et 2) les interactions que tu as en tant que touriste sont incomparables aux interactions réelles qui t’attendent, face aux bureaucraties de la vie quotidienne en France. Je viens de la culture brésilienne, qui est réputée dans le monde entier pour être chaleureuse, ouverte d’esprit, généreuse et extrêmement amicale, et en y grandissant, même si je me considère comme un Brésilien très froid, le choc culturel lorsqu’il s’agissait de me faire des ami.e.s m’a surpris. Ce n’est pas que tous.tes les Parisien.ne.s ne sont pas amicaux, ni que tout le monde se sent seul.e ici, c’est juste qu’en tant qu’étranger.e qui n’a pas tout à fait saisi la vibe générale de la ville, la difficulté de trouver un groupe dans lequel tu t’intégreras est assez choquante. Et il m’a fallu un certain temps en tant qu’expat pour vraiment capter la façon dont les interactions sociales se déroulent à Paris.
Le quatrième chagrin d’amour n’a en fait rien à voir avec la ville : c’est le fait d’être séparé de ma famille, de ma langue, de ma culture et de mon pays. J’aime absolument vivre en France, je n’échangerais Paris contre aucune autre ville du monde aujourd’hui. Mais quitter la maison de ses parents est une chose très difficile en soi. Partir pour commencer une nouvelle aventure, seul.e, dans un autre pays, c’est de la folie pure pour le cerveau. Il y a des moments où tu as l’impression de quitter un rêve (parce qu’en réalité, c’est le cas !), mais il y a aussi des moments où le mal du pays prend le dessus et où tu as envie de laisser tomber tout ce qui te retient ici et de rentrer chez toi. Mais ce qui est bien avec ces moments-là, c’est qu’ils sont éphémères. Ils constituent aussi d’excellentes occasions de se rappeler ses objectifs, des raisons pour lesquelles tu as déménagé en premier lieu, de réfléchir à ce que tu es devenu depuis que tu as déménagé et pourquoi c’est une bonne chose. Bien sûr, le fait de crave tout et tout le monde fait partie de ce processus, mais cela te permet d’apprécier dix fois plus les moments qui comptent.