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Tayme Thapthimthong : l’outsider qui a conquis The White Lotus

Il venait du réel, il est devenu fiction. Tayme Thaptimtong n’a pas eu besoin de mots pour marquer les esprits.

@taymettt

Tayme Thaptimtong s’est imposé comme l’un des cœurs battants de cette saison de The White Lotus. Ex-militaire, garde du corps, amoureux de Muay Thai et de R&B, Tayme incarne Gaitok avec une vulnérabilité presque silencieuse qui a marqué les spectateurs. Dans un décor paradisiaque gorgé de tensions invisibles, son personnage devient, à contre-courant, l’un des plus humains. Rencontre avec l’acteur que personne n’attendait, mais que tout le monde a adopté. 

Alors, comment s’est passé ce shooting avec NYLON France

 

Oh mon Dieu, incroyable ! Je regardais les photos et je me suis dit : « C’est incroyable. ». On aurait dit que j’étais habillé pour jouer un rôle de vampire ou de Yakuza. C’était un photoshoot super badass — l’un de mes préférées, c’est sûr. Ça ressemblait presque à un film. J’ai adoré.

 

The White Lotus explore souvent les tensions sociales sous le vernis du luxe et de l’exotisme. Ton personnage, Gaitok, évolue dans un contexte thaïlandais où les dynamiques de pouvoir sont plus complexes que ce que les touristes imaginent. Quelle a été ta lecture personnelle de ce rôle, et comment as-tu géré le contraste entre une Thaïlande idéalisée et la Thaïlande réelle ?

 

Pour ce rôle, j’ai beaucoup réfléchi à mes propres voyages en Thaïlande — les îles, les hôtels. Surtout dans mes premières années, où j’avais le temps d’explorer vraiment le pays.
J’ai toujours remarqué les agents de sécurité des hôtels — ils sont partout et très différents des agents de sécurité de boîte de nuit. On ne s’attend pas à ce qu’ils deviennent physiques. En fait, le maximum d’action physique qu’ils ont, c’est d’aider avec les bagages. Ils sont toujours très sympathiques — quand tu passes les portes, quand tu repars,  ce sont des gens vraiment chaleureux. Je voulais montrer ça. En Thaïlande, la sécurité des hôtels, ce n’est pas pour les confrontations. C’est plutôt dans les endroits où il y a de l’alcool, comme les clubs, que ça peut dégénérer. Aussi, j’ai remarqué comment les Thaïlandais interagissent différemment avec les Occidentaux. Entre eux, ils sont détendus et parlent normalement, mais en présence d’Occidentaux, on voit souvent une attitude plus servile — plus de révérences, plus de formalisme. Ces petits détails m’ont beaucoup marqué durant mes 13 années de vie en Thaïlande, surtout comparé à là où j’ai grandi, à Londres. J’ai appliqué ces nuances à Gaitok, surtout dans ses interactions avec les locaux thaïlandais versus les clients occidentaux.

 

La série est remplie de tensions non dites sous son apparente surface luxueuse. Selon toi, quelle scène ou quel moment capture le mieux cette tension sous-jacente ?

 

Pour moi, un moment qui ressort — de façon comique — c’est la relation de Victoria Radcliffe, le personnage de Parker Posey, avec les moines thaïlandais et le personnel. C’était drôle parce que j’ai vu ce genre d’interactions dans la vraie vie. Les touristes occidentaux arrivent parfois en Thaïlande sans aucune connaissance de la culture — que ce soit la nourriture ou l’environnement. Quand ils visitent les îles, où vivent les locaux et où peu de gens parlent anglais, ça peut devenir gênant. Il y a une scène où Victoria essaye de communiquer avec des moines en utilisant des gestes exagérés et en mal comprenant la salutation traditionnelle thaïlandaise — c’était à la fois hilarant et douloureusement exact. J’ai vu des étrangers faire exactement ça dans des temples. Cette scène montrait parfaitement le décalage culturel et m’a rappelé à quel point les clients occidentaux sont différents des Thaïlandais locaux.

Ensemble LU’U DAN – Lunettes ARNETTE

TAYME

Tu as un passé militaire, n’est-ce pas ?

 

Oui, c’est exact !

 

Ayant vécu une réalité si différente, as-tu puisé dans ce passé, en termes de contrôle, discipline ou surveillance, pour certaines scènes de The White Lotus ? Par exemple, lors de la disparition de l’arme ou du vol ?

 

Absolument. Cette scène où l’arme disparaît — dans la vraie vie, si j’avais perdu mon arme dans l’armée, il y aurait eu de sérieuses conséquences. Peut-être pas renvoyé, mais certainement puni. Même pendant l’entraînement, les instructeurs attendent que tu fasses une erreur. Par exemple, si tu montes ta tente et que tu laisses ton fusil à côté, ils te le prenaient et te faisaient faire des punitions — des courses en plus, des pompes, parfois te faire veiller toute la nuit — avant que tu puisses le récupérer. Donc dans cette scène, j’ai essayé de transmettre ce genre de stress — la panique qu’on ressent dans une telle situation. Mais pour ce personnage, je ne me suis pas trop appuyé sur mon passé militaire. C’était plutôt le stress général. Comme dans la scène finale, où tout s’effondre — je perds mon boulot, peut-être même la fille de mes rêves, mon chef me crie dessus pour que je tire — je suis dépassé, perdu. Pour cette scène, j’ai testé le method acting. J’ai passé trois jours avec Walton, et je l’ai vu faire du method acting — rester dehors au soleil, ne jamais aller dans la loge, ne pas parler. Ça a vraiment aidé à créer cette tension et ce chaos, et j’ai essayé de mettre tout ce poids mental dans ma propre interprétation aussi.

 

Le casting de The White Lotus est toujours, à chaque saison, un mélange intrigant de stars confirmées et de talents émergents. Comment t’es-tu intégré à cet ensemble ? Y a-t-il quelqu’un avec qui tu as développé une chimie particulière hors caméra ?

 

Je pense avec la plupart d’entre eux, honnêtement. On logeait tous dans le même hôtel pendant des mois, donc c’était un peu inévitable de passer du temps ensemble. Mais c’était génial. Je me suis clairement senti comme le petit nouveau quand je suis arrivé au dîner du casting. Je regardais autour et je me disais : « Wow, voilà Michelle Monaghan, Leslie Bibb, Carrie Coon là-bas… » Puis Amy Lou Wood de Sex Education, Walton Goggins, Jason Isaacs — même Patrick Schwarzenegger est arrivé, et je me suis dit : « Mais je le connais d’où ? » Puis j’ai réalisé : Gen V ! Je venais de regarder la série. Chaque personne dans cette pièce avait l’air d’une superstar. Et Lisa aussi — je n’arrivais pas à croire que j’étais dans la même pièce qu’elle. Je n’étais pas vraiment timide parce que l’excitation prenait le dessus. J’adore naturellement rencontrer de nouvelles personnes, mais même si je me suis intégré vite, je sentais que j’avais une place en première loge, pas comme une star — plutôt comme quelqu’un qui a juste eu la chance de monter dans le train. Et le casting était tellement accueillant. Au début, j’avais peur d’être juste le « nouveau qui reste dans un coin », mais dès qu’on est arrivés au dîner — en voiturette de golf — Mike White m’a accueilli comme si j’étais la vedette ou un truc du genre. Il a dit : « Tayme ! Tu es enfin là ! » puis il m’a présenté personnellement à tout le monde. D’abord Michelle Monaghan, puis elle m’a amené à Leslie Bibb, qui m’a présenté à Amy Lou… ça n’arrêtait pas. Et finalement les producteurs m’ont présenté à Lisa quand elle est arrivée — son vol était arrivé plus tard que les autres, vu qu’elle arrivait de Corée. C’était juste surréaliste. Tout le monde était si chaleureux et gentil. Quelqu’un a même plaisanté : « Tayme, j’ai entendu que tu étais garde du corps avant, mais je ne pense pas que tu feras ça après ça ! » À ce moment-là, je pensais qu’ils étaient gentils… mais maintenant je commence à y croire. J’espère vraiment ne pas avoir à retourner à la sécurité. Je veux tellement continuer à jouer.

 

En parlant de Mike White, il est connu pour donner beaucoup de sous-texte à ses personnages. As-tu créé une backstory pour Gaitok qui a aidé à façonner ta performance, même si elle n’apparaît pas à l’écran ?

 

Oui, un peu. Je ne suis pas allé dans les détails super précis, mais juste après le dîner du casting, Mike a demandé à Lisa et moi de venir dans sa villa pour parler de nos rôles et de notre vision. Il s’est avéré qu’on pensait tous de la même manière. Mike a dit : « Gaitok n’est pas un mec cool. Il n’est pas militaire. Enlève le macho. » Et j’ai ajouté : « Mais il aime la Muay Thai, non ? » parce que dans le scénario, il l’emmène à un match de Muay Thai. Et c’est vrai — beaucoup de gens en Thaïlande aiment la Muay Thai même s’ils ne sont pas violents ou sportifs. C’est un sport national. Donc j’ai beaucoup observé — parlé avec les locaux, la sécurité de l’hôtel, le personnel. Ils savaient tous quel rôle je jouais, et je leur disais : « Hey, je vais peut-être voler quelques-unes de vos manières. » Ils riaient et disaient : « Vas-y, fonce ! ». Une chose que j’avais toujours en tête, c’est que Gaitok n’a jamais quitté l’île. Il est super local. Alors je me suis beaucoup bronzé, passé du temps dehors — parce que, tu sais, les locals sont toujours au soleil. Ça m’a aidé pour le look et le langage corporel. Mais c’est surtout le dialogue qui demandait le plus de travail. Au début, ils m’ont donné le script en thaï et m’ont dit : « Tu n’as pas besoin de dire mot à mot. Dis-le comme un local. » J’ai essayé. Mais quand je faisais à ma façon, ils disaient : « Hmm, pas comme ça. » Par exemple quand je disais « je vais te tuer », ils voulaient que ce soit plus comme un avertissement humoristique, pas une menace réelle. C’était un équilibre.

TAYME

Ensemble AMIRI – Bottes PREMIATA – Lunettes TOM FORD – Bague MISHO

Lisa Manobal est une figure majeure en Thaïlande, pas seulement en tant qu’artiste, mais aussi comme icône culturelle. Avant de travailler ensemble, l’avais-tu déjà rencontrée ou suivie sa carrière ? 

 

Oui, c’est sur White Lotus que je l’ai rencontrée pour la première fois. Franchement, je ne sais même pas si je la suivais sur Instagram avant ça. Je savais juste qu’elle était très célèbre, mais comme je n’écoute pas vraiment de K-pop… Moi, je suis plutôt hip-hop, R&B, Afrobeats. Je n’écoutais pas trop ça avant, mais ma fille écoute Blackpink et c’est elle qui m’a fait découvrir une de leurs chansons, “Pink Venom”. Je l’ai vue sur YouTube avec elle, et je me suis dit que c’était une super chanson. Ça m’a fait réaliser que la K-pop avait un peu évolué, qu’elle avait presque un rythme hip-hop américain mélangé à la K-pop. Et Blackpink a réussi à mixer ça parfaitement. À ce moment-là, je me suis dit que je pouvais vraiment danser sur ce morceau. Ce n’était pas juste de la danse K-pop classique, c’était plus hip-hop.

 

Le monde entier est captivé par Lisa, ce qui pourrait expliquer pourquoi ton personnage, Gaitok, résonne autant auprès du public. T’attendais-tu à un tel succès et à une telle connexion avec les spectateurs ?

 

Pas du tout, pas à ce point. Je ne pensais pas que Gaitok serait autant apprécié. Je savais qu’il avait cette scène majeure à la fin, celle où il tire sur Rick, mais je ne pensais pas que Gaitok deviendrait aussi populaire. Honnêtement, je ne pensais pas que les gens viendraient me dire que Gaitok est leur personnage préféré. Je ne pensais pas qu’il avait beaucoup de choses à dire parce que, au début, j’ai regardé ça comme ça : j’ai compté le nombre de dialogues de chaque personnage, et moi, je n’avais jamais joué dans une série comme ça auparavant, et je n’avais jamais eu un rôle aussi gros. Donc j’étais déjà content, mais je ne pensais pas que Gaitok attirerait autant d’attention. Je pensais que toute l’attention irait à Mook, parce que c’est Lisa. Je pensais toujours que je serais perçu comme « le gars qui joue la scène avec Lisa ». Je ne pensais même pas que Gaitok deviendrait un nom aussi emblématique maintenant, que les gens diraient « Hey, Gaitok, Gaitok ! ». Je ne savais pas que mon personnage aurait autant d’impact mais quand je parle avec les gens, c’est incroyable. Les gens viennent vraiment pour discuter, parler du personnage. C’est très agréable d’entendre : « Tu es notre personnage préféré parce que tu es tellement attachant ». Parmi tous les autres personnages, qui sont évidemment amusants à regarder, ils trouvent que ton personnage est le plus facile à aimer. Je me suis dit : « OK, c’est sympa ». Ils m’ont dit que j’étais une bouffée d’air frais au milieu de tout le chaos. Ça m’a fait voir les choses différemment. Parfois, ce n’est pas une question de combien de dialogues tu as, mais plutôt si tu es relatable !

 

Est-ce que vous avez imaginé une histoire commune entre Gaitok et le personnage de Mook ?

 

Oui ! On en a parlé. On a imaginé qu’ils se connaissaient depuis qu’ils étaient enfants. C’était facile à comprendre — Lisa a des amis comme ça, et moi aussi. Des amis thaïlandais que je connais depuis que je suis jeune et avec qui je parle encore aujourd’hui. Je me suis donc demandé : « Et si j’avais un crush sur l’un d’eux ? » Est-ce que je lui dis ? Est-ce que je lui dis « Je prendrai toujours soin de toi », parce qu’on est très proches ? Ou est-ce que je prends le risque de lui avouer que je suis vraiment attiré par elle — et risquer d’entendre : « Beurk, je pensais que tu étais comme un frère. » Je ne voulais pas ça. Du coup, je me suis appuyé sur ce sentiment. Ce genre de vulnérabilité où la ligne entre l’amitié et quelque chose de plus est floue. J’ai déjà vécu ça, donc je sais ce que ça fait (Rires).

TAYME

Top et pantalon AMI PARIS – Chaussures SAINT LAURENT – Lunettes DEZI – Collier, bague MISHO – Bague SPINELLI KILCOLLIN

J’ai vu que tu es passionné de blues et de R&B, deux genres qui, tout comme le jeu d’acteur, expriment des émotions brutes. Si tu devais résumer ton approche du métier d’acteur avec une seule chanson, laquelle ce serait et pourquoi ?

 

Oh, c’est une question difficile… Peut-être “No Diggity”, parce que pour moi, cette chanson évoque une sorte de lâcher-prise. Quand je joue, surtout pour les self-tapes ou les auditions, je ne veux pas être stressé ou pressé par le temps, parce que ça me fait perdre mes moyens. “No Diggity”, c’est l’idée que tout va bien, qu’il faut rester cool. Et plus je suis détendu sur un plateau, mieux je joue. C’est pour ça que j’aime dire bonjour à tout le monde en arrivant sur le plateau, créer un lien avec l’équipe pour que l’ambiance soit détendue. Donc ouais, No Diggity, c’est mon état d’esprit. 

 

La danse, la musique et le jeu d’acteur nécessitent tous une forte connexion aux émotions et au corps. Y a-t-il un film ou une série dans lequel tu aimerais fusionner toutes ces passions ? 

 

Oui, carrément. J’adorerais faire un film du genre Step Up. J’ai toujours aimé ces films pour leur créativité, les chorégraphies, la musique. Même un projet à la Magic Mike, ce serait top. Artistiquement, ce serait l’occasion de tout combiner. Et sinon, j’aimerais aussi faire des films d’action, pour mettre en avant mon côté militaire. J’ai reçu beaucoup d’entraînement dans ce domaine, j’aimerais pouvoir montrer mes compétences physiques à l’écran, manipuler des armes, bouger avec précision… donc ouais, idéalement un mélange des deux. 

 

Quelle est la suite pour toi ? Et comment abordes-tu l’avenir ? 

 

Beaucoup de gens me demandent si je compte rester dans le métier d’acteur ou retourner à la sécurité. Et ma réponse, c’est que la sécurité fait partie de moi, j’ai commencé très jeune, à 13 ans avec les cadets. C’est une part de mon identité, que je ne perdrai jamais. Mais maintenant que j’ai cette opportunité incroyable, surtout à l’international, je vais clairement continuer dans le cinéma. Et peut-être la musique si l’occasion se présente, je pourrais faire des covers sur YouTube, ce genre de trucs. Mais pour l’instant, je me concentre vraiment sur le jeu. The White Lotus m’a déjà tellement appris, mais je sais que j’ai encore beaucoup à découvrir dans cette industrie. Cette année, Alien Earth sort en juillet sur Hulu ou Disney+. J’y ai un petit rôle, mais c’est un projet que j’ai tourné avant The White Lotus donc j’ai hâte qu’il sorte. Et je vais aussi tourner un autre film cette année… mais je ne peux pas encore en dire plus. Il faudra rester connecté ! En tout cas, je vais continuer à me battre pour offrir du bon divertissement au public.

Veste, bottes, lunettes BALENCIAGA – T-shirt TOM FORD – Pantalon CELINE – Ceinture SAINT LAURENT – Gants GUCCI

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Photos Erica HERNANDEZ ℅ Picture Kid
Journaliste Théo SAUSSARD
Réalisation Nicolas DUREAU
Styliste Anastasia WALKER
Groom Sonia LEE ℅ Exclusive Artists avec les produits Talika Skincare et Current Body
Production Philippe STANFIELD PINEL
Merci au Conrad Hotel Los Angeles & Angela MACH
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