NYLON : Ton EP s’appelle Grandir. C’est un mot fort, un imaginaire en soi. Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Marguerite : Pour moi, grandir, ça représente beaucoup de choses. Avancer, se poser des questions, essayer d’y répondre, tenter de nouvelles expériences… Se découvrir, s’accepter. Ça englobe énormément. En fonction de chacun.e, ça peut vouloir dire des choses très différentes. J’ai choisi ce mot parce qu’au début, je voulais un titre en rapport avec mon prénom de fleur, pour travailler cette notion de croissance, j’aimais bien l’idée de “blossom”- ndlr : éclore en anglais- mais aucun mot ne me convenait. Puis j’ai entendu une phrase d’Aldebert : « Grandir, c’est fabriquer des premières fois. » Et comme j’étais dans une période pleine de premières fois, ça m’a semblé évident.
NYLON : Donc grandir, ce n’est pas seulement aller vers l’âge adulte ?
Marguerite : Non, pour moi c’est surtout aller vers ces premières fois. Chaque première fois réveille l’enfant en nous, et en même temps l’adulte. Ces deux facettes se rencontrent souvent dans la vie, surtout dans des situations intenses où l’on teste des choses. On se rapproche alors de nos instincts premiers, de notre personnalité profonde. C’est un mélange des deux : convoquer son enfant intérieur pour avancer.
NYLON : Tu as un souvenir d’enfance marquant, qui t’a justement fait sentir que tu grandissais ?
Marguerite : Je crois que l’un des souvenirs les plus marquants, c’est mon tout premier cours de théâtre, quand j’avais 7 ans. J’étais d’une timidité maladive, et ma mère m’a inscrite en pensant que ça m’aiderait. C’était le moment le plus angoissant de ma vie. Je me souviens encore de la salle : un studio de danse avec des miroirs. On devait improviser, passer seul.e devant tout le monde. J’avais l’impression que j’allais m’évanouir. C’était terrifiant, vraiment. Mais je l’ai fait. Et ce jour-là, j’ai compris que j’avais une force en moi, que j’étais capable de me dépasser. Ça a été un déclic.
NYLON : Tu préfères dire EP ou album ?
Marguerite : Techniquement c’est un EP, mais moi j’aime dire « disque » !
NYLON : Dans ton disque, il y a des morceaux très intimes, comme La Maison. Est-ce important pour toi de parler de sujets aussi personnels, comme une D.A qui serait la tienne ?
Marguerite : Oui, mais ça s’est fait naturellement. Je ne veux surtout pas être enfermée dans un style. Je ne me suis jamais dit « je veux absolument être vulnérable ». Simplement, ce sont les artistes qui m’inspirent : ceux qui osent la vulnérabilité. C’est ce qui me touche, ce que je réécoute. Alors ça s’est imposé dans mon écriture. Mais je ne veux pas dire que c’est ma direction artistique, car ce serait enfermant. Je m’autorise à me dévoiler, mais je veux rester libre.