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Marimekko, une symphonie de couleurs et de parfaites imperfections

À Copenhague, Marimekko a prouvé que son héritage n’était pas un musée figé mais une matière vivante, toujours en mouvement.

Pour cette Fashion Week de Copenhague, on a décidé de passer notre tête au pays de la Petite Sirène. Et entre deux baignades dans un été danois étonnamment doux, on a eu l’occasion de plonger dans un univers bien plus éclatant que les eaux du port : celui de Marimekko. La maison finlandaise, connue dans le monde entier pour ses imprimés pop et ses silhouettes joyeuses, présentait sa nouvelle collection dans un lieu à la hauteur du moment : le Copenhagen Contemporary Museum.

Le décor est brut, presque industriel, fait de béton et de lignes sobres. Un espace volontairement neutre, pensé pour laisser les couleurs exploser. Car ici, la palette de Marimekko n’attend que ça : jaillir, se répandre, envahir. On retrouve évidemment les incontournables motifs Unikko, cette fleur géante devenue icône de la maison, déclinée cette fois en robes, en jupes brodées ou encore en petites pièces plus contemporaines, presque sportives. Un mélange de tradition et de fraîcheur, qui définit parfaitement la direction créative de Rebekka Bay, à la tête de la maison depuis 2020. Et comme toujours chez Marimekko, le défilé n’est pas qu’une affaire de vêtements : c’est aussi une histoire de son. La bande-son est composée à partir de bruits enregistrés dans leurs ateliers d’impression textile. Ces machines monumentales qui rythment la fabrication des motifs sont devenues la base d’une expérience sonore entre techno industrielle et ASMR hypnotique. Ceux qui suivent la marque sur TikTok reconnaîtront immédiatement ce gimmick, devenu viral. Marimekko a su trouver le juste équilibre entre tradition artisanale et langage digital.

En coulisses, Rebekka Bay nous accueille avec une énergie calme et une précision quasi architecturale dans son discours. Pour cette collection, l’inspiration vient d’un concept surprenant : le modern still life, une relecture contemporaine de la nature morte. Avec son équipe, Rebekka Bay s’est plongée dans l’œuvre de peintres comme Giorgio Morandi, maître italien des compositions minimalistes, ou encore Helene Schjerfbeck, peintre finlandaise bientôt mise à l’honneur au MET.

Nous nous sommes demandé : comment organiser les objets aujourd’hui, dans une logique de nature morte moderne ?

Ce travail se traduit dans des silhouettes aux lignes simples mais très construites, et dans des imprimés qui jouent davantage sur l’abstraction que sur la figuration. Les influences botaniques, omniprésentes chez Marimekko, sont ici traduites de façon conceptuelle : des manches qui rappellent des pétales, des volumes souples qui évoquent une fleur sans jamais la représenter littéralement.

 

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Un autre point clé du discours de Rebekka Bay est sa vision des perfect imperfections…

Être humain, c’est créer des imperfections. Mais plutôt que les cacher, nous avons choisi de les célébrer. Vous pouvez le voir dans les cols qui se chevauchent et créent un troisième col inattendu. Ou encore dans le maquillage du show, volontairement en contraste avec les robes colorées, comme un léger décalage.

Ce décalage est devenu une signature de Marimekko sous sa direction : jouer sur les contrastes, accepter le déséquilibre, pour créer une énergie plus authentique. Une manière d’actualiser l’héritage de la maison dans une époque qui valorise la spontanéité autant que la perfection.

Chez Marimekko, la robe est depuis toujours considérée comme une toile. Même le nom de la maison en témoigne : Marimekko signifie littéralement « la robe de Mari ». Les imprimés évoluent vite, en dialogue constant avec les artistes et les archives, mais les silhouettes avancent plus lentement, presque comme une constante. « Nous construisons les silhouettes comme des blocs, sur lesquels viennent se greffer les imprimés. Ce sont ces motifs qui redonnent vie à des formes que nous aimons revisiter saison après saison. » Cette stabilité permet à Marimekko de conserver une identité forte, tout en se renouvelant constamment par la couleur, la matière et les collaborations artistiques.

Rebekka Bay pense aussi les matériaux comme des piliers. Le coton structuré, la soie fluide, le lin texturé… chaque saison, l’équipe choisit les matières selon leur capacité à sublimer les imprimés. Là encore, une logique de continuité et de constance : revisiter les mêmes bases, mais en leur donnant un nouveau souffle.

Parmi toutes les silhouettes du show, Rebekka Bay avoue avoir une préférence pour les looks construits autour du Jokapoika.

Je ne suis pas quelqu’un de très floral ou très coloré personnellement. Mais ce que j’aime, c’est la façon dont nous avons donné une nouvelle vie à cette chemise iconique : rentrée dans une mini-jupe, recolorée, rescalée. Elle reste unisexe, et c’est au porteur de définir si elle devient une pièce sexy, un uniforme ou un vêtement utilitaire.

Un choix qui résume parfaitement son approche : redonner du sens au patrimoine de la maison, sans jamais le figer dans une image rétro.

En quittant le Copenhagen Contemporary Museum, on garde en tête cette impression de contraste assumé : entre le brut du décor et la joie des imprimés, entre les imperfections et l’harmonie des silhouettes, entre l’héritage finlandais et la viralité TikTok. Marimekko n’essaie pas de lisser son image, mais au contraire d’embrasser ses contradictions. Et dans une mode parfois obsédée par la perfection visuelle, cette approche fait du bien. Comme Rebekka Bay nous le résume :

Il y a une beauté dans le fait d’être un peu déplacé, mal assorti, en contraste. Nous choisissons de travailler avec cette imperfection, plutôt que de la cacher.

 

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