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MET Gala 2025 : le costume comme outil de pouvoir et de récit

Ce lundi 5 mai à New York, le MET Gala n’a pas seulement déroulé son tapis bleu, il l’a chargé de sens et de symboliques.

Le costume — et toutes ses déclinaisons — s’est imposé comme un véritable terrain de jeu et de lutte. Cette année, le Black dandyism n’a pas été invité, il a pris la parole, brodé un peu d’histoire dans les tissus et réécrit les silhouettes.

Le costume : un langage politique

Le dandysme noir n’a pas attendu l’invitation du MET Gala pour exister. Né en parallèle du dandysme anglais du XVIIIe siècle — mouvement d’hommes élégants, souvent blancs et qui faisaient de leur style une posture — le Black dandyism s’inscrit d’emblée dans une autre histoire. À l’époque, certain.e.s esclaves employé.e.s comme domestiques étaient contraint.e.s de porter des habits dits « élégants ». Avec le temps, ces tenues imposées sont devenues des armes de réappropriation et les codes vestimentaires européens : digérés, détournés, hybridés. Le thème de cette édition 2025 “Superfine: Tailoring Black Style” explore ainsi la mode à travers les diasporas noires américaines et les univers qu’elles convoquent. Une traversée historique et stylistique où le costume devient une archive vivante. Dans les années 1920, en pleine renaissance de Harlem, la figure du dandy noir incarne la fierté retrouvée, l’affirmation d’une identité face à l’oppression. Ce style traverse ensuite l’Atlantique, influençant profondément la sape congolaise et d’autres mouvements panafricains. Dans les looks du dandy noir, on retrouve très souvent des couleurs vives, des épaules marquées et des chapeaux à large bords — une allure neuve qui oscille entre défi et dignité.

Le costume, n’est donc pas une simple coquetterie, c’est une prise de parole, une stratégie d’apparition. Endosser un blazer n’a jamais été neutre, surtout quand on est noir, et des personnalités telles que Frederick Douglass ou encore Duke Ellington l’avaient bien compris. Porter un costume, c’était refuser la place assignée et s’en fabriquer une nouvelle, ou du moins tenter. Aujourd’hui encore, cette élégance s’inscrit dans un art de la résistance, une façon d’écrire sa propre narration à la surface du tissu.

@kristinasvintageedit Black Dandyism began as a form of resistance. It became a way to reclaim pride, identity, and presence through style. From the Caribbean and the American South to Harlem, Congo, and the red carpet — it continues to speak. Loud. Without saying a word. What does it mean to you today? ——— #BlackDandyism #FashionHistory #ModernDandy #LaSape #AndréLeonTalley #LawRoach #MenswearHistory #MetGala2025 #StyleAsStatement ♬ Fine And Dandy – Louis Armstrong And The All-Stars

La réception du MET Gala 2025 était donc particulière de part son thème politique, et on pourrait presque y voir deux cérémonies : celle des célébrités venues poser et celle des artistes noir.e.s venu.e.s raconter. Cette édition constitue un bel hommage au dandy noir, cinq ans après les manifestations Black Lives Matter, et dans un contexte politique américain sous tension. 

Anna Wintour l’a elle-même reconnu :

This edition was planned many years ago and we didn’t know what would be happening in the political arena, but it’s taking on a new sense of importance and purpose.

Sur les marches du MET, un ensemble de corps étaient codés, sculptés et pensés. Lewis Hamilton, co-président du gala, est arrivé dans un ensemble blanc, les manchettes recouvertes de coquillages cauris (talismans protecteurs dans la culture africaine) et muni d’une broche en diamant inspirée de la fleur de baobab, symbol de résilience. Omar Sy, premier acteur français à fouler le tapis du MET, rendait, lui, hommage à la sapologie congolaise dans un ensemble vert flamboyant. De même, le danseur étoile Guillaume Diop s’est présenté en Valentino avec un look chic revisitant la silhouette du “boubou”, costume traditionnel sénégalais. 

Le costume ne s’apparente donc plus à une simple armure, il s’incarne en récit, en manifeste, presque comme une manière de traverser l’histoire, couture après couture.



 

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Le costume au féminin : quand les lignes se brouillent

Pendant longtemps, le costume était une affaire d’hommes et de pouvoir. Mais cette année, au MET Gala ce sont surtout les femmes qui ont redéfini les silhouettes et les codes. Elles ne se sont pas contentées d’endosser une veste ou de la cintrer, elles se sont emparées de l’art du tailoring. Et cela, non pas en l’adoucissant ou en le féminisant, mais en le tordant, le retournant et le complexifiant, parfois avec des looks graphiques et illusions d’optique inattendues. 

 

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Teyana Taylor ne porte pas de costume, elle incarne une époque et rend hommage au dandysme des années 30. Avec sa cape dramatique signée Marc Jacobs, ses broderies en cascade et son allure de cheffe de clan, elle incarne une forme d’autorité. Même chose pour Jodie Turner-Smith : bottes cavalières, taille corsetée, épaules larges, une pure silhouette d’empereur pensée pour une reine. L’ensemble de ces looks ne cherchent pas à prouver qu’une femme peut « aussi » porter le costume. Ils disent justement qu’elle peut l’habiter autrement et en faire un outil de puissance, sans renoncer à la mise en scène ni à la grâce (cf. look de Laura Harrier).

 

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Lors de cette cérémonie, le dandysme a pris un tout autre visage : plus libre, plus éclectique, et parfois plus queer. Doechii, avec son look Louis Vuitton façon écolier remixé, short à carreaux et blazer à queues longues, réinvente le costume comme un terrain de jeu. Pour Chappell Roan, c’est un excès assumé — plumes rose bonbon et bouffantes à outrance — un dandysme version drag, performatif et volontairement too much. Alton Mason redessine lui aussi les contours du dandysme avec sa cape métallisée et sa silhouette futuriste. C’est un dandy version afrofuturiste qui fusionne héritages et projections.

Ce qu’il faut retenir de ce MET Gala 2025, c’est que ce n’est pas une simple une série de costumes bien coupés mais bien un renversement. Le tailoring n’est plus un terrain neutre, c’est une scène de tension et un espace d’exploration. Le costume n’est plus un signe d’autorité par défaut, mais bien un choix stratégique. Lorsqu’il est porté par des artistes noir.e.s, des femmes ou des personnes queer, il devient outil de narration à part entière. Ce n’est plus  « porter un costume comme un homme » mais plutôt  « porter un costume pour dire autre chose ».

 

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Récits portés, luttes habillées ?

Les looks du MET Gala ne sont pas seulement esthétiques, ils sont chargés de symboles, de luttes et d’histoires. Ils traduisent une conscience aiguë de ce que signifie « se montrer ». Sur un tapis comme celui du MET et avec un tel thème, chaque pli de tissu peut faire contre-discours. La mode n’est pas un simple terrain de jeu, c’est une vitrine politique où le style devient stratégie.

Dans ce contexte, la présence et la justesse des artistes noir.e.s tranchent avec l’approche parfois hors-sujet d’autres invité.e.s. On a donc d’un côté, des silhouettes qui puisent dans les archives, dans l’héritage, dans l’histoire de la diaspora pour mieux la réinventer. Et de l’autre, des tenues plus proches du costume de scène que de la prise de position. Ce double regard sur le gala — entre surface spectaculaire et fond politique — souligne ce que la mode permet quand elle est prise au sérieux, elle devient un langage à part entière. Les invités noir.e.s, en maîtrisant les codes à la perfection, en les tordant et les sublimant, imposent un autre récit. Ils rappellent que la mode noire ne se contente pas d’exister dans les marges : elle les redessine, les dépasse et les fait exploser. Elle refuse la caricature et rejette l’assignation.

Même si le MET Gala reste un événement mondain — calibré, codifié, ultra-médiatisé — il a cette année laissé transparaître une mémoire couture et une réponse stylisée face à l’effacement politique de certaines identités. 

 

@blackownedstudios BLACK DANDYISM @ THE MET GALA 2025 ✨✨✨ Which is your fave look? #metgala2025 #blackdandyism #metgala #redcarpet ♬ original sound – blackownedstudios
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