Comment et quand as-tu découvert que tu voulais faire de la musique ?
J’ai toujours chanté depuis mon enfance. Mon grand-père jouait dans son église, donc j’ai toujours eu un peu de cette culture musicale qui grandissait et évoluait avec moi, mais dans d’autres styles. Quand j’ai déménagé au Portugal, c’est-à-dire quand je me suis un peu plus éloignée de ma famille, j’ai découvert Britney Spears ou Nelly Furtado. Dans ma tête, ça m’a ouvert des portes sur un autre monde, sur le fait qu’il n’y avait pas que de la musique d’église dans le monde ! J’ai donc découvert leur façon de faire des spectacles, des clips, les vêtements qu’elles portaient et avec ça, j’ai continué à écrire, à chanter et à jouer ; et petit à petit, j’ai évolué jusqu’à trouver mon propre style.
Tu es née au Brésil, tu as grandi en France, et tu montres ton héritage brésilien très fièrement dans ta musique, dans tes clips et dans tout ce que tu fais. Peux-tu nous parler de ce besoin d’indentification ?
Quand je suis arrivée en France, et tout au long de mon enfance et de mon adolescence, je me suis beaucoup interrogée sur mon identité. J’ai vécu au Portugal puis j’ai déménagé à Paris et j’essayais toujours de me trouver. Je me demandais « Qu’est-ce que je suis ? Suis-je Brésilienne ? Portugaise ? Française ? », et j’avais l’impression de n’être à ma place nulle part. Alors, quand j’ai commencé à chanter de manière plus professionnelle à l’âge de 18 ans, j’ai ressenti ce besoin de réaffirmer mon identité principale qui est brésilienne. Même si j’ai grandi dans d’autres endroits, j’ai toujours vécu avec ma mère qui est brésilienne, toute ma famille est brésilienne, ma culture et mon éducation étaient très brésiliennes, donc c’était logique de me réaffirmer en tant que Brésilienne. C’est ce que je suis, c’est ce que je ressens dans mon ADN. À partir de ça, je voulais ouvrir petit à petit à un côté plus français, qui fait aussi partie de mon identité, ou même portugais, mais toujours en réaffirmant cette identité qui est la mienne.
Y a-t-il un moment précis ou une raison pour laquelle tu as décidé de montrer ton côté brésilien dans ton art avec tant de fierté ?
Quand les gens m’ont dit que ça ne marcherait pas. C’est sans doute ce qui m’a donné envie de continuer à suivre ce chemin. Lorsque j’ai commencé à travailler avec des producteur.rice.s dans le milieu de la musique professionnelle, nous cherchions à développer un aspect unique de ma personnalité. Dans le milieu de la musique pop en France, ce différenciateur était mon côté brésilien. Bien sûr, pas d’une manière vague et clichée, mais dans mes paroles, dans ma façon de chanter, dans ma musicalité en général. J’adore mélanger la bossa-nova avec la trap, j’adore mélanger le funk carioca avec la drill, donc c’était important de trouver ce qui était spécifiquement mien et nouveau. Mais la vérité, c’est que beaucoup de gens ont dit que ça ne marcherait jamais. Certain.e.s me disaient que personne ne s’intéressait à la musique brésilienne en dehors du Brésil, d’autres m’ont dit que mon style ne marcherait pas et m’ont conseillé de faire de la musique française classique… C’est ce qui m’a donné envie de faire en sorte que ça marche. Quand j’ai sorti “AHOO” avec Chilla, Davinhor, Le Juiice et Vicky R, que je dis dans les paroles « Cinq étoiles sur l’maillot » et que je vois à chaque fois que je chante cette chanson, tout le monde chanter avec moi et ressentir un peu de cet empowerment aussi avec ces paroles, qui sont une référence super brésilienne, j’ai trouvé ça trop cool et c’est là que j’ai vraiment réalisé que ça pouvait marcher. Les rythmes brésiliens comme le funk sont des succès planétaires comme l’ont déjà prouvé des artistes comme Anitta, Ludmilla et Pabllo Vittar. Donc c’était ça, c’était le dynamisme et la volonté d’être la première personne à faire ça sur la scène musicale française, en chantant en français.