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La pop culture a-t-elle peur des happy ending lesbiens ?

Comment les productions cinématographiques et télévisuelles mainstream persuadent les lesbiennes que toutes les histoires saphiques finissent mal... La pop culture a-t-elle peur que les femmes découvrent que la lesbianité est une expérience épanouissante et joyeuse ?

©Hulu

Alors que je léchais les plaies d’une histoire d’amour dramatique et faisais le bilan de ma vie affective de lesbienne, je me suis retrouvée face à ce que la psychologie positive appelle “une conviction limitante” : en tant que lesbienne, je n’aurai jamais de vie amoureuse épanouissante. Mes histoires seront toujours des amours aussi fortes qu’éphémères, des morts prématurées, des petits anges partis trop tôt, des millions de possibles stoppés nets par une loi supérieure de la nature : les lesbiennes ne peuvent pas être heureuses. En regardant autour de moi, je me suis rendu compte que peu de couples lesbiens survivent aux tropes de la tragédie grecque et que si l’on n’était pas une population douée d’un humour ravageur, tout cela serait d’une tristesse accablante. Comme souvent, j’ai alors cherché le coupable du malheur lesbien dans la société “en général” et comme toujours, il s’est avéré que le coupable c’est, oyez oyez, le patriarcat. 

 

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“Les lesbiennes ne peuvent pas être heureuses”

Les représentations culturelles grand public, comme les films, contribuent grandement au regard que l’on porte sur le monde ainsi qu’à construire nos désirs et nos convictions sur nous-mêmes. Rares ont été dans mon enfance les exemples d’héroïnes lesbiennes dans la pop culture qui s’épanouissent dans leur vie. Rarissimes les histoires de lesbiennes qui finissent ensemble, heureuses, comme les exemples de personnes queers qui forgent dans ma petite tête d’enfant l’idée que je serai aimée, que je pourrai aimer, que cet amour pourrait durer et être stable, tendre, rassurant. A l’âge de 10 ans, je me rappelle avoir expliqué de manière très sérieuse à ma meilleure amie qu’entre l’amour et la gloire littéraire, je choisirais la gloire littéraire parce que, de toute façon, l’amour, c’était triste et il ne servait qu’à écrire des livres encore plus tristes qui permettent peut-être de gagner beaucoup d’argent. Quel cynisme, quelle mélancolie chez une si jeune personne (je vous rassure, depuis, on a fait du boulot avec ma psy) ! Je savais déjà que j’étais lesbienne, sans pour autant me le formuler clairement. J’en percevais toutes les déceptions affectives à venir, et pourtant, j’y entrevoyais aussi la possibilité orgasmique de liberté, de joie, de révolution. 

Ainsi, j’ai passé mon enfance à chercher des scènes d’amour lesbien dans les films, à arpenter YouTube en me retrouvant souvent réorientée vers des sites suspects, bref, à chercher des images qui incarnent ce que je ressentais et à trouver des modèles là où je pensais qu’il n’y en avait pas. Aucune star ne faisait son coming out, les gouines mouraient systématiquement dans les films et avaient l’air d’être des gens peu recommandables : c’est à ce moment que sur mon visage, comme sur celui de plein d’autres enfants queers, est tombé ce “voile grave et ailleurs qu’ont dans les yeux tant de petites futures lesbiennes”, comme le résume si bien Alice Coffin dans Le Génie lesbien. Culpabilité d’exister ou peur de ne pas pouvoir être heureuse, de devoir mener une vie de combat intime : le programme paraissait rude. Les queers, comme Juliet Drouar le soulève dans Sortir de l’hétérosexualité, sont probablement des enfants hyperlucides qui ne peuvent pas être autre chose que ce qu’ielles sont mais qui connaissent d’emblée le prix de leur différence. 

L’année dernière, je me suis alors surprise à pleurer de joie à la fin de Happiest Season, le film de Noël lesbien avec Kristen Stewart, en me disant que c’était magnifique de simplement voir des lesbiennes fêter Noël ! Bon, pour les scènes de sexe, on repassera. C’est vrai aussi que Kristen en bave pas mal avec le coming out manqué de sa copine et, globalement, on est plutôt dans un univers où blanchitude et richesse dominent, mais quelque chose d’un peu joyeux se dégageait de ce décor scintillant et j’ai pris ce qu’il y avait à prendre. Une comédie romantique saphique ? Qui eût cru que nos amours pouvaient être exorcisées par le rire et inspirer des comédies ? Jusqu’à présent, les seules images télévisuelles lesbiennes drôles auxquelles j’avais eu accès étaient les coupes de cheveux des héroïnes de The L Word.

L’intimité, le quotidien, la construction d’une relation et la gestion des problèmes sur la durée entre deux femmes ne sont jamais représentés. Elles sont toujours des amantes tragiques, seules contre le reste du monde…

Une “fétichisation de l’amour impossible”

J’ai été influencée par une multitude de productions mainstream où les lesbiennes sont 1/ vues par le prisme des hommes et traitées en objets pornographiques 2/ violentées 3/ condamnées à des fins plus tragiques les unes que les autres. Mon inconscient m’a alors menée vers la conviction qu’une histoire lesbienne est une histoire rapide, éphémère, qui ne peut pas vraiment durer : il faut alors dévorer cet amour, compter les mois, les jours, les heures, avant qu’il ne se termine. Parce qu’il va se terminer et elle va retourner avec un homme. Ou bien nous allons être seules face à une société hostile et endurer de multiples dépressions héritées de nos traumas intimes. En tout cas, deux femmes ensemble, c’est destiné à se briser à un moment. Beaucoup d’histoires lesbiennes commencent sous l’égide de la rupture : les ruptures qu’on n’a pas comprises, les râteaux honteux et humiliants de notre adolescence, infligés par des “hétéros qui se cherchent”, les ruptures qui continuent de nous hanter dans une communauté trop étroite, la rupture qui viendra enfin séparer les amoureuses pour que les lois patriarcales reprennent leur juste cours. La rupture, cette apocalypse de l’intime qui persuade tant de petites lesbiennes que l’amour, c’est rude. 

Selon la professeure de cinéma et autrice Karen Hollinger, la politisation de tout récit lesbien serait la conséquence d’un système cinématographique incapable de concevoir des intrigues qui n’aient pas l’hétérosexualité comme pierre de comparaison. L’histoire d’un personnage queer sera toujours celle de l’inclusion ou de l’exclusion. Par ailleurs, la mise en scène d’amours saphiques positives ou de la réalité épanouissante des relations lesbiennes serait une menace bien trop grande pour un monde culturel hétérocentré. Autrement dit, il serait pernicieux de montrer que des femmes peuvent être heureuses dans leur intimité en dehors d’une implication masculine. 

Je fais alors la rencontre d’Athina Gendry, journaliste de 25 ans (pour le bimestriel Hétéroclite entre autres), qui a consacré son mémoire de fin d’études à l’ENS de Lyon à la question des regards hétéronormés sur les personnages lesbiens mainstream au cinéma. Athina s’est lancée dans cette aventure en quête du “lesbian gaze” à l’issue d’une adolescence passée à taper sur Internet “lesbian kiss” ; à s’attrister de ne découvrir que des représentations tragiques de la lesbianité ou bien destinées à des hommes hétéros ; à se demander, enfin, pourquoi le cinéma voulait tant la décourager d’être lesbienne. On en convient toutes les deux, la culture mainstream opère une forme de “propagande anti-lesbianisme” permanente qui fait dire à beaucoup de nos amies femmes hétérosexuelles : “Moi lesbienne ? Je n’en sais rien, on ne m’a jamais vraiment laissé le choix !” 

“La plupart des films lesbiens mainstream me mettent dans un état d’hypervigilance du fait des scènes de violence, d’intimité brisée (baisers interrompus, entrée en scène d’un troisième personnage…)”, raconte-t-elle. “J’étais frappée d’une désapprobation collective et je vis ces séances extrêmement mal, aussi du fait de l’incapacité du grand public d’avoir des réactions normales face à des scènes de sexe saphique.” Dans son travail de recherche, elle a mis au point un outil formidable pour décrypter le regard hétéronormé sur les personnages lesbiens : un tableau recensant tous les stéréotypes des représentations lesbiennes au cinéma avec leur explication ainsi que des exemples. Prédatrice et perverse (Chloé d’Atom Egoyan, Rebecca d’Hitchcock), butch risible (Gazon maudit, de Josiane Balasko), “dead lesbian syndrome” ou séparation systématique des amantes (Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma ou La Belle Saison de Catherine Corsini), les meilleures amies ambiguës (Joue-la comme Beckham, de Gurinder Chadha) : ce ne sont que quelques-uns des tropes cinématographiques frappant les lesbiennes, qui se retrouvent à jouer les clowns, les “meufs tarées” ou simplement les “meufs qui meurent à la fin”.

“A force de mettre en avant le passionnel éphémère au lieu de la pérennité, de mettre en scène des fins douces-amères plutôt que la manière de résoudre les conflits, on donne aux spectatrices des modèles de relations qui ne maturent jamais”, explique Athina. “L’intimité, le quotidien, la construction d’une relation et la gestion des problèmes sur la durée entre deux femmes ne sont jamais représentés. Elles sont toujours des amantes tragiques, seules contre le reste du monde… Sauf dans La Vie d’Adèle.” Eh oui, le seul film montrant deux femmes qui restent ensemble longtemps est bien La Vie d’Adèle, le monument absolu du male gaze. Mais n’exagérons rien, Adèle couche bien avec un homme à un moment donné, rétablissant enfin le bon fonctionnement des règles phallocrates. 

Selon Patricia White, spécialiste des représentations lesbiennes à l’écran, la fin tragique est un genre à part entière qui permet par ailleurs de sensibiliser à la cause LGBTQIA+ (Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma). Néanmoins, quelque chose de problématique et de profondément stigmatisant, voire fétichiste, se cacherait dans l’éloge et la romance du drame de l’intime : “Le grand amour lesbien échappe rarement à une fétichisation de l’amour impossible”, conclut Athina.

Le génie lesbien au grand écran

Athina Gendry estime qu’il est important de produire des films qui adoptent un point de vue réellement lesbien, en arrêtant de penser ces productions comme des “objets devant s’adapter au grand public”, qui ne le dérangent pas dans ses représentations. Elle parle alors d’un lesbian gaze qui permettrait de faire ressentir le lesbianisme et l’expérience de l’amour entre deux femmes “jusque dans la chair” et qui mettrait au centre les besoins des spectatrices.

Dans son article All Lesbian Movies Make Me a Little Sad. Why is that? sur Medium, Alyssa Sileo, dramaturge et journaliste pour le blog LGBTQIA + Matthew’s Place, évoque la “fatigue mentale et la tristesse provoquées par les films queers mainstream”. Si elle ne remet pas en question l’importance de montrer des histoires de marginalisation et de résilience – celles-ci étant aussi part du quotidien des femmes lesbiennes –, elle insiste sur la nécessité d’inclure dans ces récits un lesbian gaze. Ce regard lesbien serait capable à la fois de relater les joies et la beauté du “queering” et d’aborder avec intelligence la question des rapports de pouvoir qui pèsent sur les minorisé.e.s. Le regard lesbien permettrait de mettre en lumière la capacité du queer à interroger les normes pour rendre la société dans laquelle il s’insère de plus en plus inclusive. Selon Alyssa Sileo, le prisme queer serait un “bénéfice actif pour la société.” Tout en tissant l’éloge de Portrait de la jeune fille en feu, le film de Céline Sciamma avec Adèle Haenel et Noémie Merlant, qui adopte enfin un véritable prisme lesbien sur l’Histoire, elle avoue aussi son découragement face à une énième œuvre inéluctablement tragique illustrant un amour impossible, situant cette impossibilité historique, sociale, psychologique au centre du récit. 

Lorsqu’elle déplore le manque de coming out lesbiens de la part de personnes publiques, Alice Coffin insiste sur les conséquences néfastes que cette non-exhaustivité des représentations a sur la société tout entière, sur les productions culturelles, sur l’intimité de certain.e.s. Le lesbian gaze permettrait simplement de raconter le monde autrement, en adoptant un point de vue différent, d’enrichir les possibles, de montrer, enfin, le génie lesbien au grand écran. Comme l’expliquent Athina Gendry ainsi que la professeure de littérature anglaise et autrice Heather Love, la majorité des films saphiques mettent en scène les pertes, souffrances et empêchements vécus par les femmes queers. Le lesbian gaze serait alors la capacité à raconter le lesbianisme autrement, le rendre exhaustif quant aux plaisirs et aux joies de ces amours. Il permettrait de construire des personnages lesbiens qui sortent d’une position d’invisibilité ou de dépossession pour enfin s’approprier l’espace public, politique, intime avec joie, en pouvant exprimer justement tout leur génie. Un exemple saisissant du “génie lesbien” au cinéma est notamment le personnage de Cheryl Dunye dans The Watermelon Woman, film de 1996 : la réalisatrice protagoniste du film retrace l’histoire d’une actrice afro-descendante anonymisée par l’industrie raciste du cinéma et donne vie à un documentaire touchant, drôle et puissant. Une mise en abyme tout simplement géniale. Cette même force “joyeuse”, capable de nous émanciper des tragédies de l’intime, caractérise le mouvement queer, comme l’expliquait Alice Coffin sur France Inter alors qu’elle était interrogée sur le terme “woke”. 

Pendant longtemps, je me suis gentiment moquée de mon amie Léane* qui, à chaque fois qu’on mettait un film lesbien, répétait pendant toute la durée de la projection : “C’est quand qu’elles baisent ?!” Quand les protagonistes finissaient par échanger un regard coquin, se toucher les coudes ou dénuder un bout de leur poitrine, elle s’exclamait : “Mais c’est nul ! Je veux du cul !” Elle avait raison. Ce qu’elle voulait dire, c’était peut-être : “Je veux voir du sexe lesbien fait par des lesbiennes et vu par des lesbiennes et je veux le voir sur le grand écran d’un grand cinéma !”

Les travaux qui poussent le regard féminin dans son côté le plus révolutionnaire représentent soit des femmes voulant quitter l’hétérosexualité, soit des lesbiennes réinventant l’amour ; et ils sont l’œuvre de réalisatrices lesbiennes.

Le lesbian gaze : une nouvelle manière de filmer

Alors qu’elle tenait un talk sur le regard lesbien en octobre 2021, Iris Brey, spécialiste du genre au cinéma et dans les séries, autrice de Le Regard féminin, une révolution à l’écran, disait : “Les travaux qui poussent le regard féminin dans son côté le plus révolutionnaire représentent soit des femmes voulant quitter l’hétérosexualité, soit des lesbiennes réinventant l’amour ; et ils sont l’œuvre de réalisatrices lesbiennes.” 

Selon Iris Brey, ces réalisatrices (Virginie Despentes, Céline Sciamma, Chantal Ackermann et bien d’autres), en plaçant l’expérience lesbienne au centre de leurs films, dans toute sa complexité et complétude, ne réagissent pas seulement au manque de regard féminin au cinéma, mais elles inventent un langage nouveau. Ce n’est pas juste la représentation des lesbiennes en dehors du male gaze, mais plutôt une manière de faire du cinéma qui est la plus proche possible de l’expérience lesbienne. Selon l’autrice, journaliste et scénariste, le regard lesbien n’est pas simplement une “bonne représentation des lesbiennes” mais une façon de filmer qui pousse plus loin les manières mêmes de faire des films. Le lesbian gaze inventerait des formes narratives et des possibilités techniques nouvelles. Comme elle le relève très justement, lorsque nous lisons des ouvrages lesbiens, tels que Le Corps lesbien de Monique Wittig ou bien King Kong Théorie de Virginie Despentes, la forme est indissociable du contenu. Désormais, Iris Brey, qui vient tout récemment de sortir publiquement du placard, se lance dans l’écriture d’une série lesbienne sur Canal+ titrée Split. Une comédie qui s’intéressera à Anna, une cascadeuse trentenaire qui tombe amoureuse d’une comédienne célèbre rencontrée lors d’un tournage. 

Parmi les personnages grand public qui ont récemment prouvé aux lesbiennes qu’outre l’injustice, l’exil et la mort, il y avait d’autres horizons possibles, figure Andréa Martel, l’agente de la série Dix pour cent incarnée par Camille Cottin. Malgré le “Andréa-gate” (le personnage couche avec un homme à un moment de la série et tombe enceinte, chose qui n’a pas manqué de fâcher le public queer), la série a mené un combat explicite pour la PMA tout en présentant un modèle de lesbienne maîtresse de son destin. Il est évident que la blanchité, la validité, la normativité physique de ce personnage jouent en sa faveur, mais elle aura aussi permis d’entendre à la télé française à 21h, en plein pic d’audience et en présence de familles et d’enfants, des pépites telles que : “Quand je suis passée des mecs aux filles, j’ai eu l’impression de passer du bac à sable à un terrain de foot.” Le genre de phrase que j’aurais aimé entendre, jeune lesbienne que j’étais, et qui aurait détendu le string de tout mon entourage quant à mon destin amoureux. 

Raconter et montrer l’expérience du happy ending lesbien dans la culture mainstream signifie, comme le rappelle Athina Gendry, se demander comment les femmes queers pourraient recevoir certaines productions et si celles-ci encouragent les travers homophobes du regard dominant. Selon moi, le regard lesbien ne se loge pas forcément dans l’expérimental : considérer l’histoire et les frustrations liées au spectatorat lesbien nous fait comprendre que les lesbiennes ont aussi besoin de téléfilms de Noël qui les font sourire”, explique-t-elle. 

Avec Athina, nous tombons d’accord sur un point crucial : s’il est essentiel que le lesbian gaze mène une révolution des codes cinématographiques et culturels, il est encore plus important que les lesbiennes s’emparent des outils pour le faire. Outre la représentation, les lesbiennes ont droit aux outils. Aux espaces de création. Difficile de penser qu’une personne non queer pourrait adopter un réel “queer gaze”. Donnons aux lesbiennes des fins heureuses, des modèles émancipatoires, les happy ending qu’elles méritent. Laissons aux lesbiennes les micros, les caméras, la plume, rémunérons-les pour leur travail et leurs idées. Pour la France de 2022 et pour le bien de l’humanité, encourageons le génie lesbien et investissons, massivement, dans le lesbian gaze. 

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