Mon Compte Shop
Musique

DIX ALBUMS À ECOUTER AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ

La croisade de Chris, Amaarae en bébé-fontaine, Kesha en pleine révélation spirituelle et ANOHNI qui continue de montrer la voie : je fais le point sur les albums qui ont marqué ces derniers mois.

Ça ne t’a pas échappé : cet été a comme un petit goût de mois de septembre foiré… Pas de panique : les artistes dont je vais te parler avaient tout prévu. Summer hits intemporels avec Amaarae et Barbie, ou introspections désabusées avec ANOHNI, Kesha et Christine and The Queens : it’s time to choose your summer !

 

CHRISTINE AND THE QUEENSPARANOIA, ANGELS, TRUE LOVE 

“Seize my head in regret, there might not be another vision

One that makes me forget I wish I was another person

And we still try every night to go make sense of it

Fighting, over lust

Still try every night to bound over something

Fighting, over love” ___ FULL OF LIFE

Rien ne pouvait préparer quiconque à ce que Chris/Redcar nous a réservé cette année. De la publication de son cri du cœur — Redcar et les adorables étoiles — à son discours sur la scène des Flammes où il louait la poésie du rap, la théâtralité extrasensible de ses performances, et sa discussion spirito-métaphysique avec Mehdi Maïzi : l’artiste n’a eu de cesse de rassembler, jour après nuit, les nombreuses parts de lui-même pour donner corps à ses songes.

En septembre dernier, il me confiait se percevoir comme un “moine dévoué à son art” ; une façon pour lui de souligner son engagement envers l’auditoire et cet esprit qui fait chanter sa plume. Redcar : un battement d’ailes audacieux qui en aura dérouté plus d’un.e jusqu’à la sortie de l’excellent PARANOIA, ANGELS, TRUE LOVE en juin, et son ascension au rang (de plus en plus exclusif) des artistes indiscutablement vivants, qui persistent à nous faire penser et réfléchir.

Produit en collaboration avec Mike Dean (Madonna, The Weekend, A$AP Rocky…), ce nouvel album prend la forme d’une épopée transformative dans laquelle le chansonnier-prophète documente son propre chemin de l’ombre vers la lumière. Guidé par son intuition dans une quête de l’instant absolu, il compose au feeling, trouve son “flex” et livre une œuvre qui éclate tous les codes traditionnels de la pop music pour servir un propos sur la nature brisée de l’être et de l’amour vrai.

AMAARAE – FOUNTAIN BABY 

“Purple like the colors of the moon

Left you in my garden in the nude

Pick you, take a bite into the fruit

Pussy like Bermuda afternoons” __ SOCIOPATHIC DANCE QUEEN

En 2020, alors que l’industrie musicale tourne au ralenti en pleine pandémie, Amaarae débarque en mode ovni avec son premier album intitulé The Angel You Don’t Know. Une révolution musicale portée par un “ange inconnu” à la voix si singulière qu’on la croyait pitchée, baladant sa fausse innocence sur des couplets tissés de sensualité saphique, d’indépendance et d’ambition à l’image du summer hit “SAD GIRLZ LUV MONEY” et de son inoubliable : “Get the fuck outta my way, I’m gonna get paid yeah” !

D’origine ghanéenne, Amaarae a grandi entre le Bronx et Accra : une double culture qui lui permet d’avoir une fibre musicale bien à elle, mais surtout une place inédite sur la scène musicale d’aujourd’hui. Alors que de plus en plus de regards se tournaient vers l’Afrique et sa scène pop émergente, Amaarae est tout de suite apparue comme l’artiste providentielle de ce qu’on nomme parfois paresseusement “afrobeats”.

Mais trois ans plus tard, c’est surtout un statut d’artiste syncrétique qu’elle revendique avec Fountain Baby. Citant Janet Jackson, The Neptunes ou Britney Spears parmi ses inspirations, elle se révèle comme un talent visionnaire et prolifique qui ne saurait être assigné à résidence. Elle livre un album truffé de phases étrangement addictives où se croisent percussions africaines, orchestre, samples japonais et basses à la mode d’Atlanta en symbiose. Plus que de repousser les frontières d’un genre, c’est sa propre légende qu’écrit l’artiste avec ce sophomore… et il me tarde d’entendre la suite ! En attendant, je presse repeat sur sa session KEXP.

ANOHNI AND THE JOHNSONS – MY BACK WAS A BRIDGE FOR YOU TO CROSS 

“I danced by violent times

It was hard to live, live / It was my-

It was my time, time to / Give, give, give

Done my work / My back was broke

My back was a bridge for you to cross” _ YOU BE FREE

Dans l’immensité de l’océan musical, il y a des artistes qui aident à passer le temps et d’autres qui admirent sa course effrénée plume à la main, prêt.e.s à surgir à tout moment with yet another masterpiece. C’est le cas d’ANOHNI qui, après un solo magistral publié en 2016, reforme enfin les Johnsons pour signer My Back Was a Bridge for You to Cross. Treize ans après leur séparation, le band livre un disque bluffant, qui embrasse des inspirations soul et tire la sonnette d’alarme écologique tout en renouvelant son hommage à celle qui leur a inspiré leur nom : l’icône afro-américaine Marsha P. Johnson.

Décrite plusieurs fois par ANOHNI comme sa « guide spirituelle », l’icône des manifestations de Stonewall en faveur des droits LGBT+ voit aujourd’hui son visage donner corps à un requiem pour la Terre et sa beauté d’autrefois. Inspirée par la vision d’un monde condamné à périr sous nos regards impuissants, ANOHNI ballade ses émotions désabusées sur des arrangements épurés mais toujours aussi sinueux ; et s’y confie avec d’autant plus de sincérité en évoquant le deuil, la culpabilité et la solitude qui caractérise l’existence marginale dans un monde qui laisse si peu de place à l’amour.

ALUNA – MYCELiUM

“And I wait till the night comes and I feel the power
Of all of my fears ’cause they can’t hurt me now
I’m stronger from the ways that I’ve been knocked down
And I stood my ground” _ FUTURE ft. KOOLDRINK

Si la nostalgie te ramène parfois dans les bras de Donna Summer et de Robin S, sais-tu que tu peux aussi toujours compter sur Aluna ? Voix bien connue des amateurs de club music, elle s’est fait connaître au sein du duo AlunaGeorge qui enchaînait les collabs avec Disclosure, Baauer, Diplo ou encore Flume il y a une dizaine d’années. En 2020, elle mettait les voiles en solo et publiait un premier album intitulé – no shade – Renaissance.

Three years later, la Londonienne enchaîne avec un second projet qui sonne l’heure de la fête en compagnie d’invité.e.s prestigieux.ses : Pabllo Vittar, Jayda G, Chris Lake, MNEK ou encore TSHA. Un casting issu des quatre coins du dancefloor pour une explosion de house music et de refrains endiablés qui arrive pile à temps pour le climax de l’été. Avec MYCELiUM, Aluna consacre son énergie festive et son esprit collaboratif pour prendre la place qui lui revient : sous la boule à facettes exactement.

BARBIE : THE ALBUM

“Takin’ a drive, I was an ideal
Looked so alive, turns out I’m not real
Just somethin’ you paid for
What was I made for?” __ WHAT WAS I MADE FOR

Alors que Barbie semblait avoir accédé au rang de relique d’un monde macho-capitaliste à réinventer, la réalisatrice Greta Gerwig et son équipe nous ont offert un feuilleton féministe des plus inattendus cette année. À grands coups de self-awareness cynique, elle, Margot Robbie, Ryan Gosling et leurs ami.e.s nous proposent une relecture du mythe qui questionne le fantasme de la féminité tout en célébrant la culture du camp et du glam qui – n’en déplaise aux randoms – s’accompagnent elles aussi d’une réflexion sur l’archaïsme d’une société codifiée dont chacun tente, à sa manière, de s’échapper.

Un film déjà culte et une vaste opération marketing qu’il fallait évidemment traduire en musique. Dirigé par le producteur Mark Ronson, Barbie : The Album incarne à merveille ce lien entre l’icône transgénérationnelle fictive et la réalité du monde d’aujourd’hui. On y retrouve naturellement Nicki Minaj et sa descendante, Ice Spice, sur un sample de “Barbie Girl” ; Dua Lipa sur un beat disco qui semble sorti du vault de son Future Nostalgia, Karol G, Lizzo, GAYLE, Sam Smith et quelques Ken : Khalid, Dominic Fike ou encore The Kid Laroi. Un cocktail multivitaminé qui sacrifie la cohérence globale pour célébrer les influences d’une vingtaine d’artistes dans l’air du temps : entre hip-hop badass, pop grandiose, indie-rock et reggaeton…

Alors s’il ne fallait garder que deux titres de cette BO, je choisirais ceux de Charli XCX et Billie Eilish. La première parce que son sample de Robyn et son interpolation de “Hey Mickey” sonnent comme les meilleures idées du disque ; la seconde pour sa réflexion introspective sur la nature d’une icône qui matérialise dans une question toute l’ambition du film de Greta Gerwig : “What Was I Made For ?”

KESHA – GAG ORDER

“Kill the chaos find the balance
‘Round we go, around we go
Greatness just a shade of madness
Ego just a face of sadness
Pain is just part of the package” __ SOMETHING TO BELIEVE IN

Rewind : en 2009, Kesha était l’une des filles les plus en vogue de la pop US avec son persona glam-trash à mi-chemin entre Effy de Skins et Nicole Richie. Un american dream rebelle et dirty qui s’effondrait en 2013 lorsqu’elle annonçait poursuivre Dr. Luke – son ancien manager – pour des faits de harcèlement sexuel et de violences psychologiques. Après un long passage à vide, elle s’exprimait pour la première fois sur cette sombre affaire en 2017 avec le single “Praying”, et reprenait ses quartiers sur la scène pop avec Rainbow, puis High Road.

Introspection et épiphanies : après quinze ans de tubes survoltés, Kesha opère une mue inattendue cette année avec Gag Order. À la suite d’un trip psychédélique drug-free, l’autrice de “TiK ToK” rapporte avoir été touchée par la grâce un soir de confinement, lui inspirant l’idée de se livrer sans filtre, libérée des chaînes de son alter ego adolescent. Interrogée par The Guardian, elle déclarait en mai : “J’ai réalisé que j’essayais très fort d’amplifier mon côté espiègle – à la limite de la toxicité.” Aux côtés de Rick Rubin, elle se laisse aller à l’expérimentation et s’affirme enfin en tant qu’artiste. Puisant dans ses failles personnelles et ses récentes révélations spirituelles, elle s’ouvre à la longévité en signant des textes mystérieux, sa voix résonnant sur des sonorités électroniques figuratives jusqu’alors inédites dans sa discographie.

MERYL – OZOROR

 “Peu de moyens, beaucoup d’OGM

J’ai grandi la rage au ventre, l’empire ne sera pas co-géré

Leur navire fait confiance qu’au vent

Ça sent pas bon quand c’est moi qui cuisine” __ VITE

 Révélée sur SoundCloud en 2015 avec son remix de “BBHMM” de Rihanna, Meryl a bâti une solide réputation de toplineuse au service de SCH, Nul, Shay ou Niska, puis de feature artist redoutable aux côtés de son cousin Specta, et d’artistes comme Le Juiice, Titof, Jahyanai ou encore Hatik. Après une mixtape et un EP parus en 2020, elle publiait en avril l’EP Ozoror, blueprint de son univers dancehall rêveur, au carrefour de toutes les influences qui traversent sa Martinique natale.

Avec ses huit pistes, Ozoror permet à Meryl de se réapproprier son talent, seule face au micro, et de confirmer son statut d’icône d’outre-mer. À l’image de l’excellent “Dumb”, l’artiste se balade en créole ou en français, met enfin son talent de toplineuse à son seul service et participe – avec Kalash ou Maureen – au rayonnement toujours plus éclatant de la scène des West Indies.

SHOBEE – HOWLS

“9albi mora this art

And i know no better

I’m just trynna be honest

I’m not a hero not a saint i’m not a prophet” __ POWER

Après avoir imposé les sonorités trap au Maroc avec Small X sous l’alias Shayfeen, Shobee teasait depuis longtemps l’arrivée de son premier album solo. En 2017, sa collaboration avec Laylow l’avait précipité – lui et toute la scène marocaine – dans l’œil du public, amorçant l’excellent projet NAAR qui faisait le lien entre rap français et nord-africain en réunissant Dosseh, Madd ou Issam en 2019.

Quatre ans plus tard, Shobee confirme son statut de pionnier avec un album autobiographique sombre et conceptuel. Toujours en bonne compagnie (Laylow, Lala &ce, son frère Madd), le natif de Safi saigne chaque instru avec la verve insolente qu’on lui connaît, jonglant sans peine entre darija, anglais et français pour conter son histoire : celle d’un “seigneur déchu” réincarné en guerrier solitaire. L’allégorie de son chemin de croix pour inscrire le Maroc en lettres d’or dans le grand livre du hip-hop.

KIM PETRAS – FEED THE BEAST

“Ooh, you get my heartbeat racing / Hotter than imagination

Touch me, give me revelations / Give me revelations

I’m not looking for salvation / You make me believe in heaven

Touch me, give me revelations” __ REVELATIONS

Avec des premiers morceaux publiés en 2008, la carrière de Kim Petras s’étend déjà sur trois décennies. Il aura pourtant fallu attendre cet été pour que nous parvienne son premier album. En 2017, sa collaboration avec Charli XCX sur “Unlock It” la projetait sur le devant de la scène : jeune première de la pop aux longs cheveux blonds qui assumait fièrement sa sassyness et son culte pour l’imagerie Y2K. Devenue maîtresse dans l’enchaînement de singles et de featurings, elle atteignait enfin la reconnaissance en recevant son premier Grammy Award cette année pour son apparition sur “Unholy” de Sam Smith.

Un Grammy, oui, mais toujours pas de premier album ! Il y a deux ans, le projet qui devait la révéler au grand public avait fuité sur le Net, entraînant son annulation et le retour immédiat de Kim en studio. Après avoir “feed the beast” pendant des mois, elle livrait enfin ce debut en juin. Instrus EDM et couplets érotiques : la formule ne change pas mais elle s’affine, et s’autorise même un souffle qui fait du bien sur des tracks plus mélancoliques comme “Claws”, “Minute” et l’excellent “Castle in the Sky”.

Un Grammy, oui, mais toujours pas de premier album ! Il y a deux ans, le projet qui devait la révéler au grand public avait fuité sur le Net, entraînant son annulation et le retour immédiat de Kim en studio. Après avoir “feed the beast” pendant des mois, elle livrait enfin ce debut en juin. Instrus EDM et couplets érotiques : la formule ne change pas mais elle s’affine, et s’autorise même un souffle qui fait du bien sur des tracks plus mélancoliques comme “Claws”, “Minute” et l’excellent “Castle in the Sky”.

SKATING POLLY – CHAOS COUNTY LINE

I fought so hard to win

But, baby, not like this, oh my God

I’ve lost my sense of self

My security, oh-la-la

I keep on, keep on, keep on telling these lies

But all that fibbing does is keep me up all night” ___ RABBIT FOOD

Formé par les demi-sœurs Kelli Mayo et Peyton Bighorse alors qu’elles n’avaient que 9 et 14 ans au moment où leurs parents se sont rencontrés, Skating Polly est l’histoire d’une famille décidée à rendre sa noblesse au punk. Après une adolescence à faire sonner les guitares saturées sur les batteries de Kurtis – le frère de Kelli –, le groupe accède aujourd’hui à l’âge adulte et livre un double album solide qui nous rappelle qu’il est bon, parfois, de tout envoyer valser.

Passé maître dans l’art de rendre le punk audible aux oreilles du profane contemporain, Skating Polly signe avec Chaos County Line une collection de chansons rebelles qui redonnent du sens à l’étiquette “pop-punk”, nous rappelant au bon souvenir de Courtney Love ou Joan Jett. Leurs voix survolant toujours dans l’harmonie des arrangements rock sans concessions, elles se livrent pour la première fois sur des sujets intimes : l’identité, l’obsession, le gaslighting…  Prise de pouls inédite d’une génération hypersensible et tourmentée qu’elles reflètent avec une poésie touchante sur des titres comme “All the Choices”, “Rabbit Food” ou “I’m Sorry for Always Apologizing”.

voir l'article
voir l'article
Musique

DIX ALBUMS À ECOUTER AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ

Se Connecter

Mot de pass oublié ?

Nouveau mot de passe

S'Inscrire* Champs obligatoir

FermerFermer