Pour NYLON, Axel se dévoile, partageant les résonances entre son expérience de la vingtaine et ses rôles, entre quête de sincérité et découvertes personnelles.
Tu le connais du petit et grand écran, si tu n’as pas déjà eu l’occasion de le découvrir sur les planches du théâtre avant. Du haut de ses 26 ans, Axel Auriant a déjà vécu de multiples expériences transformatrices devant comme derrière la caméra. De la complexité de Lucas dans la série Skam à l’intensité de sa performance solo dans la pièce Une Vie sur mesure, chaque rôle devient une clé pour comprendre sa propre vérité. Dans cette quête d’authenticité, le chemin est semé d’embûches. Le syndrome de l’imposteur, ce compagnon insidieux, l’invite parfois à douter de ses propres accomplissements. Mais c’est dans cette même vulnérabilité que réside sa force intérieure. Axel l’a compris : embrasser ses incertitudes, c’est s’ouvrir à un monde de possibilités.
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Tu as marqué les esprits avec des rôles mémorables comme Lucas dans Skam et ta performance solo dans la pièce de Cédric Chapuis, Une Vie sur mesure. Comment ces expériences ont-elles influencé ton développement ?
Ces rôles ont fait évoluer ma façon de voir le monde. Pendant la préparation, on commence à fabriquer le prisme de notre personnage, tout en essayant de coller au plus près de sa réalité. Ce prisme évolue au fil des rencontres et des remises en question. Ces deux rôles représentaient des terrains de jeu énormes, mais aussi une grande pression car ils étaient très importants pour moi. Ils m’auront permis de grandir.
Comment ces rôles ont-ils influencé ta méthode de travail ?
À chaque projet, j’ai l’impression de découvrir de nouveaux outils qui me font évoluer. Notamment en voyant le metteur en scène et l’équipe travailler. J’ai aussi compris que chaque acteur avait une méthode de travail qui lui est propre, et qu’il ne fallait pas que j’essaie de la copier, mais plutôt de m’approprier les outils qui résonnent en moi.
Comment vis-tu l’expérience de t’immerger dans des rôles aussi exigeants ?
En journée, je tournais Skam, et le soir, je jouais Une Vie sur mesure. Sur Une Vie sur mesure, j’ai eu le trac tous les soirs avant de monter sur scène pendant des mois. C’était intense. Ça m’a fait réaliser qu’il fallait que je prenne soin de ma santé mentale. C’était un moment où toutes mes névroses étaient en alerte.
Ça a dû être un sacré défi, tu n’avais même pas 20 ans !
J’avais 19 ans, je jouais cette pièce depuis mes 18 ans déjà, environ 250 fois. Je cherchais ma place dans le monde. J’étais perdu dans mes sentiments, dans ma première histoire d’amour post-lycée, je me questionnais sur l’amour, ma famille. C’était une période de perdition. Mes amis vivaient leur jeunesse librement, mais moi, j’étais pris dans ce tourbillon, vivant ma passion intensément.
La vingtaine, c’est une période de découverte et de construction. Comment as-tu vécu ça ?
C’est exactement ça, la construction ! Je dirais même reconstruction, car tu établis tes propres règles, en dehors du cocon familial. Au début de ma vingtaine, j’ai remis en question mon rapport à la famille, à l’amour, à la sexualité, à l’identité, à l’amitié – tout en devant me confronter aux défis de mon métier. Tout s’entremêlait. Dans Une Vie sur mesure, chaque soir, j’étais seul face à 400 personnes alors que j’avais du mal à être seul face à moi-même. En montant sur scène, j’avais parfois des vertiges, des nausées… J’ai mis du temps à comprendre que c’était de l’angoisse et qu’un long combat se profilait. Comment gérer cela, comment me faire du bien sur scène plutôt que du mal ? J’avais l’impression de devoir me faire mal pour accéder au bien. J’étais pris dans cette matrix du métier-passion !
Beaucoup de jeunes artistes vivent avec le syndrome de l’imposteur. Est-ce que tu te sens concerné ?
Oui et honnêtement, je ne pense pas m’en être vraiment détaché ! Surtout quand j’obtiens quelque chose d’important, comme il y a quelques jours la signature de mon premier roman (qui sortira courant 2025, ndlr) ! Mais ce n’est pas toujours une mauvaise chose, le sentiment de l’imposteur te permet de te remettre en question. À voir jusqu’où. (Rire.)
Après le théâtre, quelles différences as-tu constatées dans ton jeu en passant devant la caméra ?
Le cinéma et les séries, c’est un monde complètement différent. Tu n’as pas le contrôle sur le montage et c’est une autre forme d’expression du jeu d’acteur. Sur un tournage, tu as une équipe entière autour de toi, et si tu bloques, tu sens le poids de leur regard. J’ai donc rapidement réalisé l’importance d’avoir une équipe bienveillante, motivée par l’histoire qu’on raconte, pour me sentir à l’aise dans mes scènes afin de donner le meilleur de moi-même.
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Y a-t-il des scènes qui t’ont marqué ?
Je n’ai pas une scène particulière en tête, mais ce qui a été un défi avec Une Vie sur mesure, c’est de jouer la même pièce des centaines de fois à la suite tout en continuant à captiver le public. J’ai dû apprendre à jouer avec sincérité, à me connecter à ma passion pour la batterie pour rendre mon jeu encore plus authentique. C’était un défi de réinventer le rôle chaque soir, de se re-étonner d’une histoire que je connaissais par cœur. Avec Skam, c’était aussi un défi personnel et professionnel. J’avais peur de ne pas être crédible en tant que personnage gay. Je me souviens de scènes où je devais m’effondrer émotionnellement, et c’était difficile. Heureusement, l’équipe de tournage m’a soutenu, et on a réussi à créer quelque chose de vraiment unique et émouvant.
Pour la suite de ta carrière, y a-t-il des rôles qui te tentent ?
Il y a tellement de rôles qui m’attirent ! Ce qui me captive, c’est de trouver cette humanité, même dans les personnages les plus sombres. S’éloigner du côté manichéen, même si parfois ma morale est mise à rude épreuve.
Y a-t-il des rencontres avec d’autres acteurs.rices qui t’ont marqué ?
Jouer avec Juliette Binoche dans The New Look, c’était incroyable ! Quand tu te retrouves face à Juliette Binoche, tout le monde te rappelle que tu vas jouer avec elle. Ce jour-là, tout le monde était hyper attentif. La coach d’anglais m’appelle le matin pour réviser mes répliques encore et encore. La régisseuse qui vient te chercher ne te parle que de ça dans la voiture. Et une fois sur le plateau, c’est une leçon. Elle a cette présence, cette vérité dans son jeu. Elle n’a jamais son portable sur le plateau, elle est complètement dans son personnage. Elle reste humble, elle travaille dur, et elle est totalement dévouée à son art. Elle m’inspire énormément.
Au-delà du cinéma, quelles personnalités t’inspirent ?
Je trouve de l’inspiration partout, pas seulement dans les milieux créatifs. Les gens qui embrassent leurs erreurs et les assument, qui vivent pleinement leurs expériences. Je suis aussi touché par des personnes que je rencontre par hasard. Parfois, dans ce milieu, on peut avoir des icônes et découvrir qu’elles sont différentes dans la vie réelle. Ça me rappelle que c’est important de rester fidèle à soi-même.
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Quel conseil donnerais-tu à un.e jeune acteur.rice, notamment dans une période aussi charnière que la vingtaine ?
Je lui dirais toujours de chercher sa propre vérité. C’est crucial de ne jamais oublier pourquoi on fait ce métier. Rester fidèle à soi-même et ne pas se trahir. Ce travail sur soi est fondamental, pas seulement pour ton développement personnel, mais pour essayer de rendre tes personnages crédibles et sincères. Le défi en tant qu’acteur, c’est de ne pas se perdre dans le désir de plaire à tout prix. Un casting, c’est un peu comme un date. Si tu es authentique, que tu plaises ou non à l’autre, tu sais que tu es resté fidèle à toi-même, donc tu ne pourras pas en sortir complètement déçu.
Chercher sa propre vérité, c’est une quête caractéristique du début de la vingtaine ?
Absolument. En plus, la génération qui vient d’avoir la vingtaine aujourd’hui a beaucoup plus d’outils pour s’introspecter. On est beaucoup plus décomplexé.e.s que la génération de nos parents sur des sujets sensibles comme la santé mentale. Mais avec les réseaux sociaux, on se compare, on se juge, et on finit parfois par se perdre sans le vouloir. En tant qu’acteur, tu ressens ça quand tu vois les autres travailler alors que toi, tu traverses une période creuse, par exemple. Au risque de paraître consensuel, nous sommes obsédés par la recherche de la performance, mais ce n’est pas ce qui compte le plus. L’essentiel est d’être en harmonie avec soi-même et de comprendre que l’échec n’est pas définitif. J’aime beaucoup cette phrase que Jean Dujardin avait dit à Alex Lutz, et qui m’a beaucoup servi : « Pardonne-toi. »
Pour conclure, pourrais-tu nous parler de tes projets à venir ? Quels sont les moments forts que tu aimerais partager avec tes fans ?
En 2024, il y a la série sur Apple TV intitulée The New Look avec Juliette Binoche et Ben Mendelsohn. Ensuite, j’ai travaillé sur un film appelé The Runaway Kids, réalisé par Carly Blackman, une jeune réalisatrice indé. Ce film devrait probablement sortir à la rentrée 2024. J’ai joué également dans un court-métrage qui sera diffusé sur OCS, intitulé Les Piscinistes. Et finalement, je vais retrouver les planches du théâtre Tristan Bernard pour l’adaptation du roman Numéro 2 de David Foenkinos, en janvier 2025, puis en tournée dans toute la France en 2026. Numéro 2 raconte l’histoire d’un homme qui n’a pas été choisi pour jouer Harry Potter. Le culte du numéro un est bien ancré dans notre métier, mais parfois, être numéro deux peut aussi être une expérience précieuse. J’ai hâte que le public découvre cette pièce !
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Entre deux prises de vues lors de son shooting de cover pour NYLON chez Boucheron, Axel te confie ses secrets et aspirations !
Quel look porteras-tu quand tu gagneras ton premier César ?
Vu que mes goûts évoluent vite, je préfère ne pas trop me prononcer. (Rire.) Mais ma copine m’a offert pour mon anniversaire les Repetto Zizi blancs dont je rêvais, et j’espère bien les porter.
Qu’aimerais-tu garder de la vibe de tes 20 ans dans 20 ans ?
Cette même quête de liberté et de remise en question. Et d’être fougueux.
Quel est ton spot favori à Paris ?
Le quartier de la place Saint-Spire dans le deuxième arrondissement de Paris. C’est une toute petite place en plein centre de Paris, avec l’hôtel Edgar & Achille qui fait aussi bar et restaurant, dans lequel j’aime me poser été comme hiver. Il y a une belle énergie dans le quartier. Un vrai poumon dans la ville. Bon, et j’ai aussi un petit studio de musique juste à côté et un de mes meilleurs amis a le sien un peu plus loin.
Quelle est ta meilleure punchline pour déclarer ta flamme à ton heureuse élue ?
Ce n’est pas une punchline, donc je déconseille à quiconque d’aborder quelqu’un avec. (Rire.) C’est une réplique d’Arletty dans Les Enfants du paradis de Marcel Carné : « Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour. »
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