On sent une influence très Internet dans le son, les visuels, l’écriture… C’est un peu là aussi que tout a commencé pour toi. Qu’est-ce qui t’inspire le plus dans cette culture ? Y trouves-tu encore un refuge aujourd’hui ou plus du tout ?
Pour mon premier album solo, j’ai essayé de jouer le jeu classique : promo, télé… Mais ça n’a pas marché pour moi. Fabriquer une image, c’est possible pour d’autres, mais pas pour moi. On retrouve toujours la fille d’Internet qui, à 13 ans, chantait sur les pâtes. Je pense qu’il faut plutôt embrasser ça. Je suis de cette génération, Internet a toujours été un refuge, et ça l’est encore. Je suis fan de la culture Internet, je me suis même endormie à 3h du matin à cause de TikTok hier soir. J’adore ça, tout suivre, geeker. Je suis passionnée par la façon dont les artistes utilisent le marketing aussi !
Tes visuels jouent souvent sur le décalage, une esthétique un peu second degré très arty, c’est aussi un vrai truc de la culture britpop. Tu te retrouves dans cette manière de ne pas tout prendre au sérieux, tout en étant ultra stylisée ?
Grave. J’aime faire rire et apporter de la légèreté dans un métier où on se prend trop au sérieux. Je suis imparfaite, et j’aime ça. C’est ce que je veux incarner le plus possible.
Est-ce que la britpop t’inspire dans ta manière de composer ou de te présenter en tant qu’artiste ?
De plus en plus, oui. En ce moment j’écoute surtout de la musique anglaise, notamment Lily Allen, qui me parle vraiment. J’ai l’impression que ce style va revenir en force. J’aime cette énergie brute, sincère, imparfaite. Je préfère les artistes qui chantent leurs imperfections plutôt que la popstar parfaite. Même si j’adore regarder les chorés de Sabrina Carpenter ou les shows calibrés de Tate Mcrae, mon cœur penche toujours vers les filles un peu fragiles, un peu rock, imparfaites.
Il y a une mélancolie élégante aussi dans la britpop… Tu t’y reconnais ?
Complètement. Pour moi, c’est difficile de faire des chansons vraiment joyeuses. J’en ai envie, clairement, mais il y a toujours ce petit fond de mélancolie qui revient. Dès que je compose, j’ai du mal à aligner quatre accords qui ne sonnent pas un peu tristes, un peu mélancoliques. Je pense que cette mélancolie, je la porte un peu sur moi, dans mon regard, dans ce que je dégage, malgré tout.
Quelles sont tes icônes de la britpop ou de la scène UK en général, musicales ou visuelles ? Est-ce que tu te vois comme une héritière ou une traductrice de cette culture anglaise à la française ?
C’est clairement Lily Allen pour le moment, en tout cas, elle est un super exemple pour moi. Dans son image, il y a une vraie identité forte, et je vois clairement les connexions avec ce que je fais. Moi, il y a ce truc un peu parlé-chanté, presque naïf, que j’avais beaucoup chez Vidéoclub et que j’aimerais retrouver dans mon prochain projet. Je pense que c’est ça qui pourrait me correspondre le plus.